JANOS – John, Frances, Natasha

"The Janos People - a close encounter of the fourth kind", Frank Johnson.

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Sommaire cliquable de liens internes :
◻️ Planète d'origine des contacts
◻️ Identité du contacté
◻️ Époque et lieu du contact
◻️ Publication de l'histoire
◻️ Comment a eu lieu le contact
  ➳ Une lumière dans le ciel
  ➳ La maison qui n’existe pas
  ➳ Arrêtés pour voir l’engin dans le ciel
  ➳ Retour en voiture et reprise de la route
  ➳ Le trajet a duré 1h de plus que la normale
  ➳ Séquelles physiologiques et marques sur le corps
  ➳ Les enfants sont les seuls à se souvenir au début
  ➳ Première mémoire pour John
  ➳ Le rêve de John : dans le vaisseau
  ➳ Contact d’un organisme ufologique
  ➳ Retour sur les lieux après coup
  ➳ Le rêve de Frances : dans le vaisseau
  ➳ Le rêve de Natasha : dans le vaisseau
  ➳ Hypnose
◻️ Apparence des habitants de Janos
◻️ Description de leur monde et de leur civilisation
  ➳ Description physique
  ➳ Catastrophe de Saton
  ➳ Climat
  ➳ Végétation
  ➳ Bâtiments
  ➳ Transports
  ➳ Réseau routier et urbanisme
  ➳ Énergie
  ➳ Industrie
  ➳ Nourriture
  ➳ Animaux
  ➳ Vêtements de loisirs
  ➳ Vêtements spéciaux
  ➳ Drapeaux, insignes et emblèmes
  ➳ Langage et parole
  ➳ Communication télépathique
  ➳ Personnalité et politique
  ➳ Type physique et race
  ➳ Sasquatch et autres hominidés

Extrait 1 : vaisseaux spatiaux
  ➳ Vaisseau mère
  ➳ Vaisseaux d’exploration
  ➳ Visite de la salle des machines du vaisseau d’exploration
  ➳ Système de propulsion à antigravité du vaisseau d’exploration
Extrait 2 : le pourquoi du contact avec la Terre
  ➳ Lien avec la Terre
  ➳ Départ initial
  ➳ La flotte migratoire de Janos
Extrait 3 : histoire de la catastrophe de fin de la civilisation de Janos
Extrait 4 : témoignage de Natasha, qui a un souvenir complet de l’expérience
Extrait 5 : les souvenirs que l’hypnose a permis de retrouver – entrée dans le vaisseau
Extrait 6 : examen médical de Frances – visite et ce qui a été dit et montré à Frances
  ➳ Examen médical de Frances
  ➳ Ce qui a été dit et montré à Frances – description de scènes de vie courante sur Janos
Extrait 7 : examen médical de John – visite et ce qui a été dit et montré à John
  ➳ Examen médical
  ➳ Visite de la salle du pont principal d’entrée
  ➳ L’écran de navigation
  ➳ Projection de la vie passée sur Janos
  ➳ Descente souterraine sur Janos – vision des survivants de la catastrophe radioactive
Extrait 8 : le départ du vaisseau – tous les témoins sont ensemble

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Planète d’origine des contacts :

Les habitants de Janos se présentent comme des extraterrestres au sens propre, venant d’une planète nommée Janos située à plusieurs milliers d’années-lumière de la Terre. Toutefois, ils ont une origine terrestre, affirmant que leurs ancêtres ont vécu sur Terre dans un passé très lointain. Les individus rencontrés avaient l’apparence d’Européens de type nordique.

Le voyage depuis leur monde jusqu’à la Terre a duré 2 ans dans leur temps, mais cela correspond à plusieurs milliers d’années écoulés pour la Terre depuis leur départ. Ils ont quitté leur monde suite à un cataclysme naturel : une de leur lunes s’est fragmentée et est tombée en pluie de roches sur leur planète, faisant de plus exploser leurs centrales nucléaires qui a contaminé mortellement les rares survivants restant en sous-sol. Ils savaient que leur lune allait s’effondrer donc ont préparé des vaisseaux géants d’évacuation de leur population planétaire, mais ils n’étaient pas remplis car la catastrophe a eu lieu bien avant le moment prévu.

Ils cherchent une terre d’accueil et sont venus voir si ici sur la planète Terre, leur patrie d’origine, ils pouvaient venir s’installer avec nous. Ils sont quelques millions et parfaitement semblables à l’identique total à un blanc européen, ils peuvent s’infiltrer dans notre civilisation.

Identité des contactés :

Une famille anglaise composée de trois adultes et deux enfants qui revenait en voiture de funérailles, a vécu un contact direct avec les habitants de Janos, en étant accueillie à bord de leur vaisseau spatial pendant près d'une heure, au-dessus de la campagne de l’Oxfordshire. L’un des officiers janosiens leur a déclaré que leur vaisseau faisait partie de ceux « choisis pour établir les premiers contacts ».

Pour enquêter sur cette rencontre, les enquêteurs ont eu recours à l’hypnose régressive afin de lever l’amnésie post-contact et de permettre aux témoins de revivre les événements pour en obtenir un récit plus détaillé. Bien que cette méthode ait été précieuse, une grande partie des informations a également été obtenue en mémoire consciente, sans hypnose. L’enquête a mobilisé intensément la famille concernée, en particulier John, Frances et la jeune Natasha, dont les témoignages enregistrés ont rempli quarante-sept cassettes de 90 minutes.

Les 3 adultes sont : John, qui est fiable et précis sur les croquis, la description des lieux, la disposition et la forme des objets ; Francès sa sœur, qui est remarquablement bonne pour se souvenir des dialogues mot pour mot et a une excellente mémoire du détail. Gloria, la femme de John, qui a eu une forte amnésie et a été réfractaire à se souvenir. Toutefois elle a eu des flashs de certains souvenirs qui reviennent petit à petit avec le temps. Il est possible qu’un jour plus se débloque en elle.

Les deux enfants sont ceux du couple John et Gloria sont Natasha âgée de 5 ans et Tanya âgée de 3 ans au moment des faits. Natasha, malgré son jeune âge, a contribué de façon significative par ses observations. Tanya, garde un souvenir intact mais, en raison de son très jeune âge au moment des faits (trois ans), n’a pas été considérée comme un témoin formel.

Photo des personnes concernées par ce contact.
À l’arrière, à gauche : GLORIA ; à droite : FRANCES. JOHN au centre. À l’avant : TANYA à gauche et NATASHA à droite.
Photo des personnes concernées par ce contact.
À l’arrière, à gauche : GLORIA ; à droite : FRANCES. JOHN au centre.
À l’avant : TANYA à gauche et NATASHA à droite.

L’enquêteur Franck Johnson a respecté l’anonymat de la famille, conformément aux recommandations des êtres de Janos, qui leur avaient imposé une amnésie partielle pour les protéger d’éventuelles répercussions publiques : les prénoms ne sont pas les véritables.

L’enquête a été dirigée par Frank Johnson et a duré 13 mois dans sa phase active. La famille est devenue ses amis, et il a écrit le livre racontant toute cette histoire.

Le récit comprend l’histoire de la planète Janos elle-même, menacée par une catastrophe majeure et dont la civilisation fut détruite.

Époque et lieu du contact :

En Angleterre, en Oxfordshire, près de Stanford in the Vale, sur la A417, le contact a eu lieu le 19 juin 1978.

Emplacement du contact avec enlèvement de la famille, près de Faringdon dans le comté de Oxford, Angleterre.
Emplacement du contact avec enlèvement de la famille, près de Faringdon dans le comté de Oxford, Angleterre.
Situation de l’emplacement du contact par rapport aux autres villes mentionnées en Oxfordshire : Faringdon, Oxford, Wantage, Stanford in the Vale.
Situation de l’emplacement du contact par rapport aux autres villes mentionnées en Oxfordshire : Faringdon, Oxford, Wantage, Stanford in the Vale.
Emplacement du contact entre Stanford in the Vale et Faringdon, Oxfordshire, Angleterre.
Emplacement du contact entre Stanford in the Vale et Faringdon, Oxfordshire, Angleterre.
Lieu approximatif de l’enlèvement de la famille, 2ème arrêt, près de Faringdon, Oxfordshire, Angleterre.
Lieu approximatif de l’enlèvement de la famille, 2ème arrêt, près de Faringdon, Oxfordshire, Angleterre.

Publication de l’histoire :

C’est Franck Johnson, enquêteur en ufologie, qui a écrit l’ouvrage relatant les faits dans un livre intitulé « The Janos people – a close encounter of the fourth kind » (Le peuple de Janos - une rencontre rapprochée du quatrième type). Le livre a été publié en novembre 1980.

« The Janos people », Frank Johnson.
« The Janos people », Frank Johnson.

Comment a eu lieu le contact :

John, son épouse Gloria, leurs filles Natasha (alors âgée de cinq ans) et Tanya (alors âgée de trois ans), ainsi que la sœur de John, Frances, voyageaient ensemble en voiture depuis Reading, où ils avaient assisté à des funérailles familiales, et allaient en direction de leur domicile près de Gloucester. Il était tard dans la soirée, le lundi 19 juin 1978. Ils suivaient un itinéraire qui leur était familier, la route A417 passant par Wantage, Stanford in the Vale, Faringdon et Cirencester.

Après avoir traversé Stanford in the Vale en allant sur Faringdon, ils commencèrent à remarquer une lumière vive dans le ciel, devant eux et légèrement sur leur droite, qui semblait se maintenir à la même distance de leur voiture en mouvement. John roulait à moins de cinquante miles à l’heure (80 km/h), ce qui paraissait bien trop lent pour un avion. Ils en discutèrent distraitement : était-ce un hélicoptère ? Cela ne semblait pas probable ; et ils n’entendaient aucun bruit.

Alors que la voiture poursuivait sa route, John lança à la plaisanterie qu’il s’agissait peut-être d’une soucoupe volante. Bien qu’aucun des passagers n’y ait prêté sérieusement attention, tous continuaient d’observer la lumière étrange dans le ciel. Ils remarquèrent ensuite une petite lumière rouge à gauche de la lumière blanche, ce qui leur fit penser que ces deux lumières appartenaient à un même engin, invisible malgré un ciel dégagé et une pleine lune. Ils restaient convaincus qu’il s’agissait d’un aéronef, bien que son comportement les intriguait.

Lors d’un trajet nocturne, John voulut s’arrêter pour observer, mais Gloria l’en dissuada en signalant une maison éclairée au bord de la route, craignant que leurs occupants les remarquent. Plus tard, ils constatèrent qu’aucune maison ne se trouvait à cet endroit, bien qu’une similaire existât de l’autre côté de la route, plus à l’est. L’hypothèse formulée est que les occupants du vaisseau avaient télépathiquement projeté l’image de cette maison à un autre emplacement pour les détourner et les amener à s’arrêter plus loin, à un lieu précis qu’ils avaient choisi. Les dessins indépendants de John et Gloria correspondaient parfaitement à cette « maison fantôme ».

Schéma indiquant le premier point d’arrêt au niveau d’une maison imaginaire, leur poursuite de route jusqu’au deuxième point d’arrêt où ils ont été enlevés. Puis le point de leur retour, avec un zoom sur la zone de retour dessous.
Schéma indiquant le premier point d’arrêt au niveau d’une maison imaginaire, leur poursuite de route jusqu’au deuxième point d’arrêt où ils ont été enlevés. Puis le point de leur retour, avec un zoom sur la zone de retour dessous.

John gara la voiture sur le bas-côté pour observer une lumière approchante. En levant les yeux, il aperçut un immense engin circulaire noir, à environ 60° au-dessus de l’horizon, dont la face inférieure ressemblait à un bol peu profond. Les lumières blanche et rouge initiales avaient disparu. L’objet passa au-dessus du véhicule puis se plaça derrière une rangée d’arbres, révélant un anneau de petites lumières multicolores tournant lentement dans le sens horaire.

L’engin, de forme biconvexe, montait et descendait doucement sans toucher le sol, émettant un son mêlant chuintement rythmique et grondement métallique lointain. Le moteur de la voiture resta allumé sans perturbation électrique. Gloria et Frances l’observaient depuis l’arrière, mais seule Gloria eut peur et demanda à repartir. Au démarrage, Natasha, réveillée, demanda : « Est-ce un vilain garçon avec un cerf-volant ? » Plus d’un an plus tard, un chauffeur de taxi déclara avoir vu un OVNI au-dessus de Stroud, tout près du domicile de l’un des témoins, avec une description similaire : disque entouré de lumières multicolores, se déplaçant lentement et en silence. Un autre témoignage fut rapporté près de Cirencester.

Les témoins ont oublié complètement tout ce qui s’est passé et leur enlèvement, leur mémoire va revenir peu après par morceaux et leur révéler que la suite de l’histoire n’est pas celle décrite ici. Voici ce dont ils ont conscience pour la suite.

Après l’observation, les souvenirs des adultes se scindèrent en deux versions : une « histoire de couverture » implantée pour masquer la perte de temps et la véritable expérience, qui ne furent réunies qu’à l’arrivée à Faringdon. Dans cette version factice, la famille roulait sur une route inconnue, étroite, bordée de hautes haies, alors que la véritable route était large et droite. Tous ressentirent une impression de flottement, la voiture semblant glisser sans contact réel avec le sol. Le tracé montait, descendait et tournait de façon répétitive, avec une végétation symétrique, donnant l’impression d’un décor artificiel. John eut la sensation que la voiture n’était pas la leur et qu’il n’avait plus réellement le contrôle, celle-ci pouvant avancer seule même en virage ou en côte. Pendant tout le trajet, une lumière blanche les suivait, perçue par Frances comme rassurante. L’ensemble dura environ 30 à 45 minutes, sans qu’aucun ne consulte sa montre. Ils réapparurent soudainement à Faringdon, sans avoir vu le panneau d’entrée de ville, preuve qu’ils n’avaient pas suivi la route réelle mais l’avaient réintégrée au-delà de ce point.

À leur arrivée à Faringdon, tous ressentirent un grand soulagement, bien que le centre-ville leur parût anormalement calme. Ils ignoraient alors qu’il était déjà minuit passé, soit environ une heure plus tard que leur estimation. En quittant la ville, Gloria remarqua que la lumière du vaisseau les suivait encore. Frances observa qu’elle disparaissait à chaque passage dans une zone habitée pour réapparaître en rase campagne, ce qui semblait être un choix délibéré plutôt qu’un simple masquage par les bâtiments. La lumière les accompagna jusqu’à Cirencester, puis disparut.

De retour chez eux, John et Gloria constatèrent qu’il était 00h15, soit près d’une heure de plus que l’horaire prévu, écart correspondant à la durée du faux trajet implanté dans leurs souvenirs. Aucun d’eux n’avait alors de connaissances sur les enlèvements extraterrestres ou la perte de temps associée. John contacta une base de la Royal Air Force, qui confirma qu’aucun appareil n’avait été signalé dans la région, bien que plusieurs habitants aient signalé un aéronef volant bas.

Frances rentra chez elle, près de Stroud, malgré l’heure tardive. John et Gloria avaient tenté de la convaincre de rester dormir. Avant son départ, Natasha lui lança : « Tata Frances, fais bien attention de garder tes fenêtres bien fermées, sinon tu pourrais être aspirée dans un vaisseau spatial. »

John et Gloria, se sentant nauséeux, allèrent se coucher. Vers 1h30 du matin, toujours éveillés, ils entendirent passer au-dessus de leur maison le même son caractéristique de la soucoupe volante. Ils étaient convaincus qu’il s’agissait du même vaisseau que celui de l’observation initiale.

Dans les jours suivant l’incident, John, Gloria et Frances — mais pas les enfants — ressentirent des démangeaisons cutanées, suivies de marques étranges sur la peau. Frances présenta une tache ovale bleu foncé sur la jambe droite, Gloria une petite marque ronde sous le genou droit, et John une tache similaire au même endroit mais sur le côté externe. Ces marques, non douloureuses et bien délimitées, disparurent en deux à trois jours.

Un médecin spécialisé en rencontres rapprochées évoqua la possibilité d’un contact avec un objet faiblement radioactif, bien que les analyses sanguines soient normales. John se rappela plus tard avoir eu un dispositif en pince fixé sous le genou lors d’un examen à bord du vaisseau, procédure typique dans ce type d’expérience. Frances se souvenait aussi d’un examen, mais sans cet appareil. L’amnésie de Gloria persista, mais sa fille Natasha se souvenait l’avoir vue allongée sur une table avec deux pinces aux jambes reliées à des instruments.

Dans la semaine suivant l’incident, les deux enfants, Natasha et Tanya, semblaient être les seuls à se souvenir clairement de l’expérience à bord du vaisseau. Natasha interpella plusieurs fois sa mère sur son oubli et raconta à son institutrice que ses parents avaient vu une soucoupe volante, réalisant même un dessin montrant un double faisceau jaune vers le sol, détail que les adultes ne se rappelèrent que plus tard.

Tanya, trop jeune pour témoigner directement, manifesta par ses réactions qu’elle conservait aussi la mémoire des faits. Natasha avertit également Frances de fermer ses fenêtres pour éviter d’être « aspirée dans un vaisseau spatial », signe probable qu’elle avait entendu ce terme durant l’expérience.

Une semaine après l’incident de Faringdon, alors qu’il avait la grippe et somnolait, John eut la vision précise de toute la famille entrant dans une soucoupe volante. Il parla d’abord d’un « rêve », par prudence, mais la richesse des détails et l’absence d’éléments oniriques l’amenèrent à y voir un souvenir réel. Frances fit une expérience similaire.

L’enquêteur estimera ultérieurement que cette mémoire refaisant surface résulte d’une amnésie imposée par les occupants du vaisseau pour éviter toute divulgation prématurée, ce que ceux-ci confirmèrent plus tard. L’état fébrile de John aurait favorisé une transe hypnotique naturelle, phénomène jugé possible par un spécialiste. Ses souvenirs concordent en grande partie avec ceux retrouvés sous hypnose, tout en présentant des divergences jugées significatives, pouvant correspondre à des moments différents de l’événement.

Dans son « rêve », John voit toute la famille quitter la voiture pour entrer dans un faisceau de lumière incliné et légèrement vaporeux, qui les conduit à une soucoupe volante. Ils pénètrent par une porte latérale dans un couloir incurvé suivant la coque, uniformément éclairé d’un jaune vif. Devant lui, Gloria et Frances, chacune portant un enfant, entrent dans deux portes distinctes. Obéissant à une impulsion mentale claire  (une voix masculine perçue directement dans son esprit), John prend la première porte.

La pièce est sombre, hormis un mur garni de panneaux d’instruments éclairés : jauges à aiguilles, boutons, interrupteurs et petites lumières colorées clignotantes, montés sur des panneaux dépassant légèrement du mur. Elle mesure environ 3 à 4 mètres sur 5 à 6, avec un fauteuil noir, type dentiste, monté sur un piédestal métallique, placé près de l’entrée.

La voix mentale lui ordonne de s’asseoir. Du mur droit émerge alors une pince qui lui enserre fermement la jambe droite sous le genou, sans douleur. Un faisceau blanc étroit, quasi parallèle, jaillit du panneau face à lui, décrivant un balayage précis : bras gauche, jambe gauche, poitrine, puis côté droit, sans toucher la tête. John a l’impression que ce faisceau d’énergie traverse son corps pour ressortir par la pince, qui pourrait être une électrode fonctionnant à travers les vêtements.

Lorsque le balayage cesse, la pince se rétracte. John quitte la pièce et retrouve les autres sortant des portes voisines, tous repartant vers la voiture par le faisceau. Ce scénario diffère des souvenirs ultérieurs, où l’examen est plus complexe, la sortie plus longue et passant par d’autres zones du vaisseau. Quelques détails concordent, comme la forme des portes aux coins supérieurs arrondis, mais le reste semble être un mélange de souvenirs réels et de rationalisation mentale.

La famille, persuadée qu’il s’était passé bien plus qu’une simple observation d’OVNI, chercha de l’aide. Après avoir partagé leur expérience seulement avec des proches sans obtenir de réponses, ils contactèrent, via la bibliothèque municipale, la « ligne directe OVNI » du sud de l’Angleterre. Ken Phillips transmit l’affaire à Jenny Randles (UFOIN), qui la confia à l’enquêteur Frank Johnson, estimant qu’il s’agissait d’un cas typique de rencontre rapprochée du quatrième type. Lors d’une première réunion, les trois adultes lui exposèrent leur récit. Peu après, Johnson accompagna John et Frances à Faringdon pour reconstituer le trajet supposé. Ils ne trouvèrent aucune trace de la « maison qui n’existait pas » ni de la route étroite bordée de haies, bien qu’une explication partielle ne soit apparue que bien plus tard dans l’enquête.

Le 1er octobre 1978, John, Frances et l’enquêteur Frank Johnson revinrent sur les lieux pour localiser les points clés de l’incident. À l’entrée de Faringdon, à l’endroit précis où John et Frances avaient eu l’impression de « revenir à la réalité », ils comprirent que c’était là que le vaisseau les avait redéposés. Au cours de la discussion enregistrée, John rappela la remarque de Natasha à Frances sur le risque d’être aspirée dans un vaisseau spatial, et formula l’hypothèse qu’ils avaient été enlevés directement dans leur voiture, puis placés dans un environnement illusoire projetant une route bordée de haies et de virages, où ils seraient restés pendant toute la durée du temps manquant, avant d’être replacés exactement au même endroit. L’enquêteur Frank Johnson confirma que la route étroite n’avait jamais été empruntée, renforçant l’idée qu’il s’agissait d’une mémoire artificielle implantée, désormais supplantée peu à peu par le souvenir réel de l’expérience.

Quelques jours après l’incident, Frances fit un rêve nocturne qu’elle prit d’abord pour une simple fantaisie. Elle savait que John avait eu un « rêve » similaire, mais il ne lui en avait raconté que les grandes lignes, sans préciser l’ordre des personnes ni qui portait quel enfant. Pourtant, son récit correspondait parfaitement au sien sur ce point : John en tête, Frances légèrement sur sa droite avec Natasha dans les bras, suivie de Gloria portant Tanya, comme sur un escalator invisible.

Dans le rêve, ils montaient ensemble dans un faisceau brumeux par une ouverture circulaire au centre de la partie inférieure du vaisseau, évoquant le fond plat d’un « bol ». Deux panneaux métalliques coulissaient latéralement pour s’ouvrir, puis se refermaient sous eux. À l’intérieur, ils se trouvaient dans une vaste salle circulaire dont le sol s’inclinait en pente douce vers les bords, probablement suivant la coque. Un balcon en deux sections, doté d’une main courante, longeait partiellement le pourtour. Frances voyait deux ou trois hommes debout là-haut, portant des combinaisons moulantes argentées, sans pouvoir distinguer leurs traits.

Un membre de l’équipage leur indiqua une rampe mobile qui se mit en mouvement dès qu’ils y posèrent le pied, les portant sans effort jusqu’au balcon. En arrivant, les hommes s’écartèrent pour les laisser passer. Frances, fatiguée, posa Natasha. Son souvenir s’arrête à ce moment, bien qu’elle ait la sensation qu’il y eut une suite qu’elle n’a pas pu retenir.

Dans les semaines suivant l’incident, Natasha racontait parfois à ses parents qu’elle avait rêvé être dans le vaisseau spatial, seule dans une pièce, observée par de nombreux occupants. Elle disait ne pas les aimer à cause de leurs « yeux bizarres », sans préciser en quoi. Ce détail rappelle les difficultés initiales des adultes, plus tard sous hypnose, à distinguer les yeux des visiteurs : d’abord perçus comme des zones sombres, puis entourés d’un anneau sombre, avant d’être vus normalement comme des yeux bleu pâle. Si ces rêves inquiétaient Natasha au début, elle en parla ensuite de manière sereine et sans rejet envers les occupants. Un jour, en voyant sa mère avec les cheveux recouverts de papier aluminium pour un shampooing, elle plaisanta : « Maman, tu ressembles exactement à un des gens du vaisseau spatial », évoquant leur casque argenté moulant couvrant entièrement la tête et le menton.

L’enquêteur proposa alors de faire appel à un hypnotiseur professionnel. Un expert qualifié, Geoffrey M’Cartney, était disponible à Gloucester. Grâce à son expérience et à son engagement, de longues séances furent menées, parfois durant plus de deux heures.

L’hypnose régressive ne fut pas utilisée comme unique méthode, mais comme un déclencheur pour briser l’amnésie et raviver la mémoire, qui se poursuivait ensuite naturellement. Chaque séance d’hypnose était suivie, deux ou trois jours plus tard, d’un entretien classique en question-réponse. Ces séances complémentaires permirent d’obtenir des informations essentielles, souvent sans la présence de l’hypnotiseur, ce qui écarte l’idée d’une influence induite.

L’hypnose permit aussi aux témoins de revivre leur expérience étape par étape et de décrire les événements avec précision. Le récit présenté est une synthèse condensée, construite à partir des déclarations des témoins, ou de conclusions directement déduites de celles-ci. Lorsque possible, l’auteur cite mot pour mot les propos des membres du vaisseau parlant en anglais, notamment Anouxia, Uxiaulia et Serkilias, en les mettant en italique, uniquement lorsqu’il est certain qu’il s’agit bien des mots exacts.

Une transcription intégrale des plus de soixante-dix heures d’enregistrement serait bien trop volumineuse et fastidieuse, mais l’enquêteur a veillé à inclure suffisamment d’extraits fidèles pour faire entendre la voix des témoins et faire percevoir leur personnalité. Tous les extraits ont été vérifiés et, si nécessaire, corrigés par les personnes concernées. Ceux de Natasha ont été revus par ses parents.

Le travail de synthèse depuis les bandes audio, pour regrouper les informations issues de sources multiples, fut considérable. Dans la suite du livre, l’auteur proposera une interprétation générale du récit des gens de Janos, et explorera les liens avec l’histoire terrestre, y compris les implications morales et éthiques, parfois dérangeantes, que cette histoire soulève.

Le récit très détaillé de ce qui a été vu, dit et fait dans le vaisseau par John, France et Natasha, grâce aux séances d’hypnose, est donné dans les extraits qui suivent dans l’article. Extrait 4 : souvenirs clairs sans hypnose de Natasha / Extrait 5 : Entrée dans le vaisseau (John, Frances, Natasha) / Extrait 6 : examen de Frances et ce qui lui a été montré et dit par les Janosiens (salle de détente, projection de la vie passée quotidienne sur Janos) / Extrait 7 : examen de John et ce qui a été montré et dit à John par les Janosiens (salle de propulsion, écran de navigation, projection de la vie passée sur Janos concernant la catastrophe et les survivants en souterrain) / Extrait 8 : départ du vaisseau tous ensembles

Apparence des habitants de Janos :

Les membres d’équipage, environ une cinquantaine d’hommes et de femmes, portaient tous un uniforme identique, constitué d’une combinaison ajustée en une seule pièce, couvrant tout le corps, faite d’un tissu recouvert d’une finition métallique argentée brillante, souple et flexible. Les témoins pensaient que ce revêtement pouvait être réellement en argent. La plupart portaient une ceinture du même matériau, nervurée transversalement, ornée à l’avant d’un insigne circulaire d’environ huit centimètres de diamètre, fixé par une attache argentée élaborée. Les officiers supérieurs, Anouxia et Uxiaulia, ne portaient pas de ceinture mais arboraient un grand disque blanc uni sur la poitrine, dont la signification n’a pas été précisée. La tenue comprenait souvent un casque argenté moulant de type cagoule, laissant le visage découvert, certains modèles comportant des couvre-oreilles façonnés pour épouser les lobes. Anouxia portait également des gants d’argent fin. Une fermeture dissimulée, semblable à une fermeture Éclair, fut observée le long de l’épaule gauche d’un uniforme. Les chaussures, noires ou grises, avaient des semelles blanches épaisses et spongieuses, dépourvues de talon, permettant de se fixer au sol en apesanteur. Les cheveux masculins étaient très courts, en coupe « crew-cut », et les rares femmes non casquées avaient des cheveux longs coiffés au carré arrondi. Les tenues argentées étaient réservées aux vaisseaux et non utilisées sur la planète.

Apparence fictive générée d’un habitant de Janos observé en combinaison argentée moulante dans le vaisseau avec une cagoule protégeant la tête et les oreilles, ne laissant voir que le visage.
Apparence fictive générée d’un habitant de Janos observé en combinaison argentée moulante dans le vaisseau avec une cagoule protégeant la tête et les oreilles, ne laissant voir que le visage.

Les habitants de Janos observés par les témoins, que ce soit à bord du vaisseau spatial ou dans les films montrant leur planète, présentent une uniformité physique remarquable. Leur type correspond au modèle européen nordique : une peau très claire, des yeux bleu clair et des cheveux blond-jaune. Les hommes mesurent en moyenne environ 1m83 et sont minces, avec une carrure élancée. Les femmes sont plus petites, entre 1m63 et 1m68, également minces, avec un corps léger et élancé, de petits seins et des hanches étroites. La majorité des femmes vues semblaient jeunes, bien qu’il soit possible que certaines aient été plus âgées que leur apparence ne le laissait supposer, notamment en raison des effets du décalage temporel relativiste.

Pour ceux observés sans la cagoule sur la tête :

La coupe des hommes est une coupe « courte sur les côtés et derrière » que les hommes avaient autrefois. En coupe « crew-cut », une coupe en brosse, les cheveux dressés, avec les cheveux tirés droit vers l’arrière depuis le front. Les cheveux sur les tempes se terminaient par de courtes pattes bien nettes, taillées droit. Leurs oreilles étaient normales, peut-être un peu grandes.

Les rares femmes non casquées avaient des cheveux assez longs coiffés au carré, arrondi en bas par une boucle qui revient vers le visage en remontant en direction du menton. C'est une coupe en « page-boy ». C'est à dire que les cheveux arrivaient au niveau des épaules, et étaient bouclés vers l’intérieur aux extrémités.

Les traits féminins sont souvent mis en valeur par du maquillage destiné à assombrir les cils naturellement pâles et à agrandir visuellement les yeux, signe que les Janosiennes attachent de l’importance à ce détail esthétique. Les visages, bien que présentant des variations individuelles, sont suffisamment proches les uns des autres pour donner une impression d’homogénéité, sans pour autant être identiques, ce qui permet aux témoins de distinguer les individus.

Leur morphologie globale est harmonieuse, sans surcharge pondérale, donnant l’impression d’une population en bonne santé et physiquement active. La pilosité est discrète, les cheveux sont uniformément clairs et les cils et sourcils plutôt pâles sans maquillage. Dans le cas des hommes, la musculature est fine mais bien proportionnée, sans excès de volume, traduisant probablement un mode de vie combinant activité physique régulière et technologie avancée minimisant les travaux physiquement pénibles.

Apparence fictive générée de deux Janosiens comme observés en combinaison argentée dans le vaisseau, sans leur cagoule protégeant la tête.
Apparence fictive générée de deux Janosiens comme observés en combinaison argentée dans le vaisseau, sans leur cagoule protégeant la tête.

Les Janosiens vus appartiennent tous à ce type racial, bien qu’il soit possible que d’autres groupes existent dans d’autres vaisseaux. Cette homogénéité physique, couplée à l’absence apparente de toute diversité raciale, suggère que leurs ancêtres provenaient d’une zone géographique restreinte de la Terre, probablement située en Europe de l’Est ou du Nord, et que leur groupe fondateur comptait peu d’individus à l’origine.

Enfin, les examens médicaux qu’ils ont pratiqués sur les humains terrestres montrent qu’ils sont biologiquement identiques à nous, à l’exception d’un rythme cardiaque légèrement plus élevé en moyenne, différence qui, selon eux, disparaîtrait après une période d’adaptation à la vie au sol sur Terre. Cette proximité physiologique et morphologique est telle qu’ils affirment eux-mêmes : « Vous êtes notre peuple, car vous êtes les mêmes que nous. »

Description de leur monde et de leur civilisation :

Janos lui-même, tel qu’il apparaissait depuis l’espace avant l’éboulement rocheux, avait une teinte générale brun-verdâtre, variée par des étendues d’eau bleue. On n’y voyait pas de nuages, comme on en verrait sur n’importe quelle photo de la Terre ; mais leurs images de la Terre ne montrent pas non plus de formations nuageuses : il est donc possible qu’ils utilisent une technique qui ne les fait pas apparaître — ce qui serait utile pour explorer un grand nombre de planètes en vue d’une éventuelle colonisation.

Il y avait de vastes zones d’eau libre, des mers ou des océans, ainsi qu’une multitude de lacs. Néanmoins, la surface totale recouverte par l’eau était, selon John, inférieure à celle des terres, représentant peut-être un tiers de la surface planétaire ; en cela, Janos diffère de la Terre, qui possède plus d’eau que de terre. De grandes étendues vert foncé, que John interpréta comme des forêts, étaient visibles, ainsi que des zones variées, qu’il pensa être des terres cultivées. Malheureusement, nous ne disposons d’aucune image orbitale de Janos avant la catastrophe, à part celles prises depuis une orbite assez haute ; toutes les vues rapprochées sont celles de la surface planétaire après l’éboulement rocheux.

Il y avait (ou il y a eu) deux lunes, toutes deux petites comparées à la nôtre ; la lune intérieure, appelée Saton (prononcée Zaton), était trop proche pour rester stable, et sa désintégration causa l’éboulement catastrophique. La lune extérieure, que nous pensons être appelée Sarnia (prononcée Zarnia), est plus petite que Saton.

Plusieurs siècles avant l’éboulement rocheux qui força les habitants de Janos à quitter leur planète, ceux-ci entreprirent leur premier vol spatial vers Saton, leur lune la plus proche. Cette mission avait pour but à la fois l’exploration scientifique et la recherche de minéraux rares, probablement de l’uranium. À cette époque, leur technologie reposait encore sur des fusées thermiques primitives. Les opérations minières et surtout les décollages depuis Saton furent menés avec une puissance excessive, provoquant de profondes fissures dans la croûte déjà fragile de la lune, dont la cohésion n’était guère plus solide que celle d’un amas de roches arrondi. Les Janosiens se sont rendus compte de cette erreur et ont rectifié le problème par la suite, en ne mettant pas trop de puissance, mais le mal était déjà fait dans le sous-sol de Saton, qui était plus un amas de roche qu’une planète cohésive.

Cette fragilisation eut pour effet d’avancer la date prévue de l’effondrement de Saton. Lorsque la distance entre la lune et Janos diminua, le point d’équilibre gravitationnel se déplaça à l’intérieur même du corps de Saton, générant un champ gravitationnel « négatif » sur la partie orientée vers Janos. Les roches meubles commencèrent alors à se détacher et à tomber vers la planète, d’abord lentement, puis avec une vitesse croissante, jusqu’à frapper sa surface avec une force considérable. L’orbite de Saton devint instable, oscillant de manière erratique, jusqu’à ce que la lune se désintègre totalement. Uxiaulia expliqua que si les calculs avaient intégré la perte de cohésion provoquée par les premiers décollages, l’évacuation aurait pu être réalisée à temps, sans pertes humaines, et sa femme Vurna ainsi que leurs deux enfants auraient pu survivre.

Selon le pilote Uxiaulia, sur Janos il faisait toujours chaud. Les rares scènes extérieures filmées avant l’éboulement montrent des vêtements comparables à ceux d’une journée d’été en Angleterre, sans conditions extrêmes. La population, comptant des millions d’habitants seulement, pouvait s’être concentrée dans les zones les plus agréables.
L’absence de saisons marquées suggère un axe de rotation quasi perpendiculaire au plan orbital et une orbite presque circulaire. Le climat doux indique que Janos recevait une chaleur comparable à celle que reçoit la Terre, soit par une étoile similaire au Soleil et à distance équivalente, soit par un autre équilibre (étoile plus chaude ou plus froide, distance adaptée).

La végétation présente une particularité : les feuilles sont d’un vert bouteille foncé, sans les nuances plus claires connues sur Terre. Les « arbres » observés n’ont pas de tronc unique ; plusieurs grosses branches partent directement du sol. Les feuilles, ovales et légèrement pointues, à nervures comparables aux nôtres, sont épaisses et charnues, rappelant celles du caoutchouc.
Des arbustes portaient des fleurs grandes comme des pivoines ou des roses, rouges ou roses selon l’exemple observé. Certains « arbres » en bord de lac produisaient de gros fruits ovales jaune moutarde, similaires à des melons.

Les rares images nettes de Janos montrant des bâtiments concernent principalement des maisons. Frances eut cependant, lors des scènes d’éboulement, une impression fugitive de constructions plus grandes dans un environnement urbain, s’effondrant au sol. Après la catastrophe, les seules structures visibles étaient totalement détruites, réduites à quelques pans de murs encore debout, comme dans une ville bombardée. L’image la plus claire fut une photographie montrée par Uxiaulia, représentant sa propre maison avant l’éboulement, avec sa femme Vurna et leurs deux enfants dans le jardin. Cette habitation, de plain-pied, avait un plan rectangulaire et un toit simple à double pente, sans cheminée, recouvert de grandes tuiles carrées gris moyen formant une surface plane. Les pignons étaient ornés d’un lambrequin décoratif et d’un fleuron sculpté. Les murs blancs semblaient faits de planches horizontales dans un matériau évoquant le bois. La porte, située au centre de la façade, avait des coins arrondis et un linteau légèrement cintré, identiques à ceux des vaisseaux, et était encadrée par de grandes baies vitrées bombées en un seul panneau transparent.

Une maison individuelle typique sur Janos, telle que vue par les témoins.
Une maison individuelle typique sur Janos, telle que vue par les témoins.

Sur une autre image, une vallée et une colline opposée étaient parsemées de maisons similaires, disposées sans séparation visible par des routes, et entourées de végétation. L’absence de voirie apparente s’explique par l’utilisation de véhicules flottants, évoquée par Uxiaulia, qui se déplacent au-dessus du sol entre les habitations ou vers des lieux de stockage. John confirma cette technologie après avoir voyagé dans un véhicule plus grand qu’une voiture privée, glissant au-dessus du terrain sans jamais le toucher, même à l’arrêt. Ce véhicule avait une forme ovale allongée, avec deux grandes projections cylindriques à l’arrière pouvant être des moteurs. À l’intérieur, il possédait un pare-brise donnant sur un capot incurvé et des phares utilisés dans un tunnel. La carrosserie, métallique et sombre, avait un aspect brillant.

En décembre 1979, John raconta un rêve dans lequel il se trouvait à bord du vaisseau, auprès d’Anouxia, observant un grand écran mural vertical entouré de plusieurs membres de l’équipage. L’image montrait un paysage campagnard avec un lac et un bateau au loin, puis un talus herbeux d’environ trois mètres qu’il gravit facilement, menant à une route très large, parfaitement lisse et sombre, ressemblant à la fois à une autoroute et à une piste d’aéroport, sans marquage ni panneaux. Cette route était bordée de maisons similaires à celles déjà vues, certaines évoquant des magasins. Les habitations proches étaient situées en contrebas, au niveau des avant-toits, et la route descendait doucement vers elles. Il n’y avait aucune voie secondaire ni bifurcation visible, l’accès local se faisant probablement directement par véhicules flottants. La route principale semblait conçue pour un trafic rapide sur de longues distances, au-dessus de la surface. John ne vit ni circulation ni piétons, mais nota un contraste lumineux : une clarté plus vive le long de la route et des maisons, contre une lumière naturelle plus faible vers le lac, ce qui fit penser à un système d’éclairage par ionisation de l’air, similaire à un concept jadis envisagé sur Terre.

Sur Janos, l’électricité était produite par des centrales nucléaires d’apparence très différente des nôtres. Frances décrivit l’une d’elles comme « ressemblant à un gazomètre à l’intérieur de la tour Eiffel ». L’installation se composait d’un énorme cylindre vertical en matériau gris terne, suspendu sans toucher le sol, maintenu à quatre points de sa circonférence supérieure par un pylône métallique effilé à quatre pieds. Ce pylône, constitué de poutrelles en treillis formant un motif en croix et reliées par des anneaux, se rejoignait au sommet dans un capuchon lisse et arrondi. Bien qu’aucun élément ne permette d’en évaluer précisément la taille, Frances eut l’impression qu’il s’agissait d’une structure monumentale. Elle pensa que le combustible était probablement de l’uranium, sans que ce mot ait été explicitement prononcé, mais l’identification lui sembla évidente.

Apparence des centrales nucléaires sur Janos telles que vues par les témoins.
Apparence des centrales nucléaires sur Janos telles que vues par les témoins.

L’ampleur des capacités industrielles de Janos ne peut qu’être déduite, mais elle apparaît extraordinaire à la lumière du gigantesque projet que représenta la construction d’une flotte capable de transporter plusieurs millions d’habitants sur une distance interstellaire. La durée nécessaire à cette entreprise demeure inconnue, mais il fut précisé que la journée de travail moyenne sur Janos était beaucoup plus courte que sur Terre, la majorité des tâches étant effectuée par des machines et des ordinateurs. La réalisation d’un seul vaisseau spatial, comme celui visité par les témoins — considéré par ses constructeurs comme un « petit » modèle — exigeait déjà une organisation industrielle d’un niveau très avancé, reposant massivement sur l’énergie électrique.

Les informations disponibles sur l’alimentation des habitants de Janos sont limitées. Selon Uxiaulia, « nous avons des animaux pour nous nourrir ; nous mangeons un peu de viande, mais la plupart du temps nous mangeons les choses qui poussent ». Ce bref résumé constitue l’essentiel des données verbales recueillies. Lors d’un barbecue au bord d’un lac, des morceaux de chair sombre furent cuits et consommés. Uxiaulia les appela « viande » et précisa qu’ils provenaient « des rivières ». Les habitants consommaient également les fruits jaune-moutarde, semblables à des melons, issus des « arbres », qui semblaient particulièrement appréciés.

La référence à une « viande » obtenue dans les rivières suggère des activités apparentées à la pêche, bien que le terme puisse désigner autre chose que des poissons au sens terrestre : il pourrait s’agir, par exemple, de champignons aquatiques, de mollusques ou d’une espèce propre à Janos. Lors d’un pique-nique, la nourriture était consommée avec les doigts, mais il reste inconnu si, à l’intérieur, les repas étaient pris de manière plus formelle. Frances n’ayant vu aucune image d’intérieur domestique, aucune précision supplémentaire n’est disponible sur ce point.

Il n’est pas établi si les habitants de Janos pratiquent l’agriculture ou l’élevage au sens terrestre, mais la mention d’animaux destinés à l’alimentation laisse supposer un élevage organisé. On nous a précisé qu’ils ne gardaient pas d’animaux à l’intérieur comme compagnons, bien qu’il soit certain qu’au moins un chien ou loup ait existé sur Janos. Cela rend plausible qu’autrefois, ils aient utilisé des loups-chiens primitifs comme auxiliaires de chasse, ou éventuellement comme chiens de garde ou de berger.

Avant l’éboulement de roches, dans la vie quotidienne, les vêtements domestiques apparaissent clairement sur une photographie de la maison d’Uxiaulia : sa femme Vurna et ses deux enfants portaient une salopette sur un pull blanc, avec des boucles circulaires aux bretelles. Vurna et sa fille de cinq ans portaient des salopettes rouges, son fils de trois ans une salopette bleu clair. Les enfants portaient des chaussures blanches, Vurna des chaussures rouges. Les cheveux blonds de Vurna étaient coupés au menton et recourbés vers l’intérieur ; sa fille avait des cheveux blond-jaunâtre bouclés, retenus par des barrettes circulaires rouges.

Lors d’un barbecue au bord d’un lac, plusieurs styles furent observés. Certains hommes portaient un simple short de bain sombre, d’autres une combinaison intégrale de type survêtement, parfois ornée de bandes blanches sur les côtés. Dans un bateau à équipage mixte, l’homme et la femme portaient un survêtement rouge, manifestement jugé pratique pour l’activité.

Les femmes en promenade ou assises sur la rive portaient des tenues plus élégantes : un corsage à manches longues et col haut, associé à une jupe ample presque jusqu’au sol, drapée en plis sur le côté gauche et maintenue par une grande attache circulaire métallique au motif floral abstrait. Le corsage, généralement blanc et vaporeux, contrastait avec des jupes imprimées de motifs floraux rouges ou roses sur fond blanc, parfois avec variations de couleurs. Une femme se distinguait par un corsage noir, une jupe blanche à motifs floraux noirs, une attache noire et un couvre-chef assorti, étant la seule femme vue avant l’éboulement à ne pas être tête nue.

Motif floral abstrait sur la gauche et sur la droite, robe portée par les femmes de Janos pour des occasions spéciales.
Motif floral abstrait sur la gauche et sur la droite, robe portée par les femmes de Janos pour des occasions spéciales.

Sur la planète, après l’explosion des centrales électriques, les personnes mourant de la maladie des radiations portaient de longues robes à capuche, noires ou brun foncé, destinées à les protéger partiellement de la poussière radioactive et peut-être à signaler leur contamination.

Les symboles visuels de Janos offrent un aperçu intéressant de leur culture. Les fanions observés sur deux vedettes rapides étaient triangulaires, d’une longueur environ deux fois supérieure à leur hauteur. L’un possédait une queue d’hirondelle pour le distinguer de l’autre à pointe unique, bien que les bateaux soient de couleurs différentes. Les deux fanions avaient un fond bleu foncé avec un grand disque blanc touchant presque la hampe et les deux côtés. Sur ce disque figurait un motif en bleu foncé formé d’une ligne bouclée avec un point à l’endroit où la boucle se croisait.

Fanions et drapeaux observés sur un bateau de loisir de Janos.
Fanions et drapeaux observés sur un bateau de loisir de Janos.

L’insigne circulaire porté à la ceinture par la plupart des membres d’équipage mesurait environ huit centimètres de diamètre, avec deux zones concentriques. La zone centrale, blanche et d’environ cinq centimètres de diamètre, comportait en relief noir une représentation stylisée d’un vaisseau spatial de type « soucoupe » vu de côté, émettant deux lignes divergentes vers le bas, pouvant symboliser une fonction de reconnaissance. La zone annulaire extérieure, noire, était ornée d’un motif continu de lignes droites argentées, disposées à des angles irréguliers, évoquant une forme d’écriture stylisée d’origine runique. John et Frances pensaient qu’il s’agissait bien d’une inscription porteuse de sens, et non d’une simple décoration.

Insigne avec le pourtour parcouru d’une écriture de type runique et une soucoupe stylisée de profil au milieu.
Insigne avec le pourtour parcouru d’une écriture de type runique et une soucoupe stylisée de profil au milieu.

Une décoration similaire fut observée par John autour d’une porte, encadrée d’un chambranle décoratif de dix centimètres de large portant des marques proches de celles des insignes. Certaines tenues présentaient aussi des marques distinctives : Serkilias et Cosentia arboraient des bandes jaunes sur les épaules, identifiées par Serkilias comme marquant une fonction médicale. Au moins un homme, décrit comme très grand, portait deux longues marques blanches effilées sur la poitrine, partant larges sous les épaules et se terminant en pointe près du cœur, sans explication donnée sur leur signification.

À bord du vaisseau spatial, les habitants de Janos s’exprimaient entre eux dans une langue étrangère qui, selon les visiteurs, évoquait l’écoute d’une station étrangère à la radio ou la sonorité de l’espagnol entendu sans le comprendre. Elle possédait un caractère européen. Lorsqu’ils parlaient anglais, leur maîtrise était impeccable, sans accent ni intonation étrangère, et se rapprochait de l’anglais britannique standard parlé par des personnes instruites. Ce n’était ni un anglais américain, canadien ou australien, ni un anglais étranger parfaitement appris par un locuteur germanique ou scandinave. Seules certaines expressions idiomatiques révélaient qu’il s’agissait d’une langue apprise.

La langue de Janos reste mal connue, mais treize noms propres avec leur prononciation ont été recensés : JANOS, SATON, SARNIA, ANOUXIA, UXIAULIA, VURNA, AKILIAS, SERKILIAS, COSENTIA, SAUNUS, VONASON, FAUN et PHUSANTHEAS. Les cinq premiers furent orthographiés directement par les Janosiens en lettres anglaises, tandis que les autres proviennent de transcriptions phonétiques ou de précisions données par les habitants du vaisseau. L’ensemble présente une forte cohérence linguistique et des ressemblances avec le grec archaïque, ce qui rend improbable l’idée qu’ils aient été inventés par les témoins sans connaissances linguistiques poussées.

En plus de la parole, certains Janosiens possédaient la capacité de transmettre des images visuelles directement dans l’esprit d’une autre personne, avec la netteté et la précision d’un film couleur en mouvement. Cette méthode fut utilisée pour montrer des éléments sans enregistrement filmé, comme la centrale électrique ou le vaisseau amiral, et pour transmettre l’orthographe de mots lettre par lettre, en majuscules anglaises sombres sur fond clair.

La communication habituelle se faisait toutefois par la parole sonore, les mouvements de lèvres correspondant parfaitement aux mots prononcés. Cependant, certains indices laissent penser que cette parole était parfois accompagnée d’une transmission télépathique du sens, renforçant la clarté et la compréhension. Frances en donna un exemple lors d’une discussion sur une phrase prononcée par Uxiaulia, où le sens exact – exploration spatiale plutôt que conquête militaire – semblait avoir été perçu plus par compréhension directe que par les seuls mots employés.

Les habitants de Janos rencontrés à bord du vaisseau spatial furent perçus par la famille témoin comme particulièrement attachants et dépourvus d’hostilité. Leur attitude chaleureuse suscita un fort sentiment de sympathie, de loyauté et même d’identification. John résuma son impression en disant qu’ils étaient « si amicaux », tandis que Frances, lors d’une reviviscence hypnotique, exprima un soulagement marqué lorsque la présence d’autres personnes avait cessé.

Malgré des différences individuelles de tempérament et de point de vue, ils semblent profondément unis, probablement renforcés par l’épreuve collective qu’ils ont traversée. Leur organisation sociale repose sur un consensus général : aucune place n’existe pour un dirigeant autoritaire, un roi ou un dictateur. Si, dans le cadre opérationnel du vaisseau, certains donnent des ordres et d’autres obéissent, cela se fait dans un climat d’égalité sous-jacente. Le « vaisseau amiral » de la flotte est décrit comme le centre de commandement et de coordination, où tous les rapports sont envoyés et où se tiennent les grandes réunions décisionnelles.

Les habitants de Janos observés dans le vaisseau spatial et dans les films de la planète étaient exclusivement de type européen nordique, avec une peau très claire, des yeux bleu clair et des cheveux blond-jaune. Les hommes mesuraient en moyenne environ 1,83 m, avec une silhouette mince, tandis que les femmes, plus petites (entre 1m63 et 1m68), présentaient un corps fin, élancé, aux formes discrètes. La majorité paraissait jeune, bien que cela puisse être trompeur, notamment en raison du décalage temporel relativiste. Certaines, comme Serkilias vue de près par John, furent jugées particulièrement attirantes. Beaucoup utilisaient du maquillage pour accentuer leurs cils pâles et agrandir l’apparence de leurs yeux.

Les habitants de Janos sont presque identiques aux humains européens actuels. Les examens médicaux n’ont révélé qu’une seule différence : un rythme cardiaque moyen légèrement plus élevé, qui devrait s’ajuster naturellement sur Terre. Ils attachent beaucoup d’importance à cette identité biologique, confirmant leur sentiment d’appartenance commune avec les Terriens (« Vous êtes notre peuple, car vous êtes les mêmes que nous »).

Les témoins n’ayant vu qu’un nombre limité d’individus, il est possible que d’autres types raciaux existent sur Janos, peut-être dans d’autres vaisseaux, ce qu’indiqueraient certains rapports venus d’ailleurs. Toutefois, la grande majorité des descriptions d’êtres humains « normaux » rencontrés dans les vaisseaux spatiaux correspond à ce profil blond aux yeux bleus, ce qui pourrait en faire le type représentatif de Janos. L’absence totale de références à des individus issus des races « noires » ou « de couleur » dans les récits connus renforce l’hypothèse que les ancêtres de ce peuple proviendraient d’une région restreinte d’Europe, à une époque antérieure aux métissages modernes.

Certains sasquatchs pourraient avoir été ramenés sur Terre par des vaisseaux de Janos et relâchés dans des zones isolées (régions forestières montagneuses, Everglades). Natasha rapporta avoir vu dans un film de Janos de grands hommes nus, puissamment bâtis, poilus, vivant en groupe dans des grottes. Les témoignages situent souvent les sasquatchs dans des zones propices à leur survie.

Certains vaisseaux de la flotte atteignent des dimensions impressionnantes. Frances vit, par transmission télépathique, un vaisseau amiral en forme d’anneau, estimé à cinq kilomètres de diamètre, doté tout autour de son bord extérieur d’énormes ports d’entrée permettant un trafic simultané de nombreux vaisseaux. Malgré la sophistication de leur technologie, les appareils de Janos présentaient des éléments familiers : boulons à tête octogonale, voltmètres, dispositifs semblant être des transformateurs, écrans vidéo pour données techniques, films ou surveillance, et rampes motorisées s’avançant automatiquement sous le pied. À bord, bien que non visibles directement, devaient se trouver des ateliers, entrepôts, bureaux d’études, laboratoires, salles informatiques, bancs d’essai, ainsi que tout le matériel de réparation, d’entretien et les espaces de vie. On peut supposer que, dans les grands vaisseaux, l’ensemble de l’équipement industriel de Janos a été emporté avec la population, reproduisant ainsi en miniature l’infrastructure de leur planète d’origine.

Forme du vaisseau-mère de Janos observé sur un écran de visionnage par Frances, 5 km de diamètre.
Forme du vaisseau-mère de Janos observé sur un écran de visionnage par Frances, 5 km de diamètre.

Le vaisseau lors du contact en angleterre avec John, Frances, Natasha, Gloria et Tanya est assez grand, mais incomparablement plus petit que leur vaisseau mère. C’est un vaisseau d’exploration, envoyé pour faire un premier contact de mesure médicale auprès de terriens. Afin de comparer et voir les différences avec leur biologie pour savoir s’ils pourraient s’adapter à la vie sur Terre selon les différences constatées, car ils sont des terriens à l’origine eux aussi, partis de la Terre il y a longtemps.

Le vaisseau observé par les témoins est un immense engin de forme lenticulaire biconvexe, semblable à deux assiettes accolées par leur face ouverte. Sa coque inférieure, légèrement creuse, évoque un large bol peu profond. Vu de dessous, l’appareil apparaît noir, massif et lisse, dépourvu de toute aspérité visible. Sa taille impressionnante, environ 100 mètres de diamètre, le distingue de la majorité des engins signalés dans d’autres cas d’OVNI. La partie centrale de la coque inférieure, plus creusée, mesure à elle seule près de 60 mètres de large.

Aspect fictif possible de l’engin spatial volant observé par les témoins lors du contact.
Aspect fictif possible de l’engin spatial volant observé par les témoins lors du contact.

Bien que les habitants de Janos considèrent ce type de « soucoupe volante » comme un petit modèle, il transporte un équipage d’environ cinquante personnes. En vol stationnaire, l’engin monte et descend doucement, sans contact avec le sol, tout en émettant un son combinant un chuintement régulier à un grondement métallique lointain. Lorsque son train d’atterrissage tripode est déployé, il peut enjamber des obstacles comme une route, au point de se confondre avec un pont dans certaines conditions de brouillard.

La partie supérieure de la coque est équipée en son centre d’un dispositif émettant un faisceau de lumière blanche intense, mais non éblouissante. Ce faisceau peut former au sol une tache circulaire lumineuse d’environ 1,50 mètre de diamètre, ajustable pour se déplacer et englober des personnes ou une zone précise. L’appareil vu par les témoins correspond parfaitement au type représenté par l’emblème porté sur les uniformes des membres d’équipage, confirmant l’identité et l’origine du vaisseau.

Le fonctionnement technique du vaisseau d’exploration par annulation de la gravité est exposé lors de la visite de la salle de propulsion faite à John par un des Janosiens. Il y verra leur machinerie et recevra une explication. Je renvoie donc cette section à l’Extrait 7 contenant le début de la visite de John, dans laquelle j’ai extrait la partie de la visite concernant la salle de propulsion, qui suit :

Ils descendirent (note : John et Anouxia le Janosien) ainsi sur une certaine distance, puis s’arrêtèrent doucement. Anouxia prit les devants, comme auparavant ; ils quittèrent l’élévateur, ou quel qu’en soit le nom, non pas par où ils étaient entrés, mais vers la gauche : John comprit rapidement que le couloir devait suivre la courbure de la coque ; de sorte que ce virage à gauche les amenait vers le centre du vaisseau.

Ils sortirent par une porte donnant sur un balcon surplombant une immense salle circulaire (John estima son diamètre à environ 45 mètres) avec de nombreuses colonnes soutenant le plafond. Il lui fallut un moment pour se rendre compte qu’il s’agissait du même balcon sur lequel lui et sa famille avaient été accueillis par Anouxia et les autres officiers du vaisseau : que cette vaste salle circulaire était celle qu’ils avaient pénétrée par en dessous, en passant par une grande trappe carrée, depuis le sas d’entrée sous le vaisseau. D’une certaine manière, l’endroit paraissait différent en y arrivant depuis l’autre direction.

John dit qu’il demanda où se trouvaient les autres, parlant de sa famille ; Anouxia répondit : « Ne sois pas inquiet ; tu les verras bientôt : ils sont en train de passer leur examen médical, et on leur montre d’autres parties de notre vaisseau. »

Anouxia semblait préoccupé ; et John eut le temps de regarder autour de lui. Juste devant lui se trouvait une rambarde ; le balcon était, estima-t-il, situé à environ trois mètres au-dessus du pont circulaire en contrebas. La rambarde était façonnée pour épouser confortablement une main humaine ; l’espace en dessous était rempli de panneaux métalliques. Sur sa droite, le balcon se terminait, la rambarde tournant à angle droit pour rejoindre le mur arrière. Sur sa gauche, le balcon, avec sa rambarde, se prolongeait en une pente descendante jusqu’au pont principal ; et il se souvint de la rampe mobile par laquelle ils avaient glissé pour monter au balcon à leur arrivée.

Juste en face, il pouvait voir, de l’autre côté de la salle, un balcon similaire ; il distinguait deux ouvertures voûtées en dessous, et des portes dans le mur situé derrière ce balcon, comme sur son propre côté. Il y avait aussi une rampe de ce côté-là ; mais alors que la rampe de son côté descendait vers la gauche, celle du côté opposé descendait également vers la gauche du point de vue de John ; ainsi, pour une personne se tenant sur le balcon opposé, la rampe serait à sa droite.

Grand pont de la salle des machines, visitée par John.
Grand pont de la salle des machines, visitée par John.

Le système balcon-rampe formait deux segments opposés d’un cercle – non pas le cercle formé par les limites extrêmes de la grande salle, mais un autre cercle, concentrique à celui-ci, et un peu plus petit. Immédiatement derrière chaque segment balcon-rampe, un mur vertical complet s’élevait du sol au plafond, de sorte qu’on ne pouvait pas voir l’espace situé au-delà ; mais dans les segments plus larges entre ces zones, où il n’y avait ni mur, ni rampe, ni balcon, on pouvait voir jusqu’à la paroi extérieure de la salle circulaire.

John remarqua que, tandis qu’à l’intérieur du cercle formé par les rampes et balcons le sol était plat, au-delà, il s’élevait en une courbe régulière, si bien que son bord extérieur, là où il rencontrait le mur, était plusieurs pieds plus haut. Il avait déjà vu la partie inférieure en forme de cuvette du vaisseau depuis le sol, lorsqu’ils étaient encore à l’extérieur ; et il supposa que la raison pour laquelle le plancher extérieur était incurvé était qu’il devait suivre la courbure de la coque du vaisseau.

Il comprit qu’il devait exister un autre espace, au moins autour du centre, entre la partie plate du sol et la coque extérieure ; et lorsque nous en vînmes à faire des dessins, nous comprîmes qu’au centre, cet espace inférieur devait abriter le grand sas ; en fait, il existe un pont autour du sas, dans lequel John finit par pénétrer.

Près du centre du pont principal circulaire, son regard fut attiré par un grand objet blanc de forme oblongue : ce souvenir particulier revint d’abord sous hypnose, et – comme c’est caractéristique de ce type de souvenir – il était d’abord flou, puis se précisa à mesure qu’il s’y concentrait. L’objet blanc se mit au point ; et il reconnut la voiture qu’il conduisait lorsqu’ils furent interceptés par la soucoupe volante.

Un fort bourdonnement se fit entendre : et Anouxia se pencha au coin du balcon, comme s’il regardait en bas vers le pont principal. John remarqua cependant que ce mouvement l’amenait à faire face à une petite boîte rectangulaire, montée sur une courte colonne métallique fixée au coin de la rambarde. La boîte était recouverte d’un fin treillis métallique sur le côté tourné vers Anouxia ; et il y avait un bouton de commande sur un côté. Cela faisait penser à un petit haut-parleur ; mais quand Anouxia commença à parler dedans, et que sa voix, amplifiée de façon spectaculaire, retentit depuis des haut-parleurs dissimulés ailleurs, John comprit qu’il s’agissait d’un microphone relié à un système de sonorisation.

Alors qu’Anouxia parlait dans le microphone, John vit de nombreuses personnes en combinaison argentée déferler sur le pont principal ; certaines arrivaient de juste en dessous du balcon où ils se trouvaient, et d’autres sortaient d’une paire de portes situées sous le balcon opposé. Elles arrivaient seules, à deux ou en petits groupes, sans se presser outre mesure ; mais très vite, il y eut environ cinquante personnes se déplaçant sur le pont principal, prenant position pour leurs tâches.

Il y avait de nombreuses colonnes cylindriques lisses ; et au pied de chacune d’elles se trouvait un ou deux coffrets rectangulaires blancs, ressemblant à des réfrigérateurs domestiques. Chaque coffret mesurait environ un mètre de haut, pour un plan de soixante centimètres de côté environ. Les personnes semblaient observer quelque chose près du haut d’une des faces de chaque coffret ; le plus proche était assez loin, mais il distinguait un rectangle plus sombre, un genre d’instrument. Plus tard, il les vit de près. Certaines personnes allaient d’un coffret à un autre, tenant quelque chose en main avec lequel elles semblaient prendre des notes ; c’était probablement l’instrument portatif habituel, auquel nous nous sommes familiarisés, ressemblant beaucoup à une petite calculatrice de poche, noire avec des boutons rouges.

Pendant ce temps, le regard de John fut attiré par un nouveau mouvement au-dessus de lui ; il réalisa alors que ce que soutenaient les colonnes n’était pas le plafond, mais un pont intermédiaire, situé à un niveau supérieur à celui des balcons, occupant un cercle de diamètre plus petit que celui du système de balcons et rampes, si bien qu’en levant les yeux, il pouvait voir directement jusqu’au plafond. Dans cet espace annulaire au-dessus de lui, il vit une série de cylindres argentés brillants qui se déplaçaient en cercle, d’abord lentement, mais accélérant rapidement.

Chaque cylindre était fixé à un bras radial provenant du centre invisible du vaisseau. Il comprit bientôt qu’il ne s’agissait que d’une seule longue poutre, pivotant quelque part hors de son champ de vision, avec un cylindre à chaque extrémité. Chaque cylindre était en forme, si l’on peut imaginer une telle chose, de balle à deux pointes : la partie centrale était cylindrique, mais chaque extrémité s’effilait en un nez profilé de forme paraboloïde.

Plan de la salle des machines du vaisseau déduit de la visite faite par John : le sas d’entrée par le dessous, séparé de la salle des machines avec les piliers qu’il visite par une porte de communication entre autres. Au-dessus des piliers, le bras rotatif avec les cylindres à leur extrémité. Le système tournant génère une annulation de la gravité.
Plan de la salle des machines du vaisseau déduit de la visite faite par John : le sas d’entrée par le dessous, séparé de la salle des machines avec les piliers qu’il visite par une porte de communication entre autres. Au-dessus des piliers, le bras rotatif avec les cylindres à leur extrémité. Le système tournant génère une annulation de la gravité.

Anouxia se tourna alors vers John, et le voyant regarder les cylindres brillants sur leur bras rotatif – qui tournaient maintenant bien plus vite – lui dit : « Si nous tournons suffisamment vite, il n’y a plus de gravité pour nous retenir sur la Terre. » Il expliqua qu’il venait de dire aux gens de se préparer à faire décoller le vaisseau, car quelqu’un approchait, et ils devaient bouger pour éviter d’être découverts. Sous hypnose, John dit : « Il m’a dit que quelqu’un arrive ; de ne pas avoir peur : quelqu’un approche ; ils doivent partir avant d’être vus. Quand ils restent au sol, c’est un danger pour eux ; ils doivent partir. Ils ont peur d’être capturés ; ils veulent s’en aller. »

Commentaire personnel :

Le moyen de produire de l’antigravité est semble-t-il primitif par rapport à d’autres races. Annulation de la gravité par rotation mécanique. Ma supposition, au vu de l’étude d’autres systèmes, c’est que la rotation mécanique d’un container cylindrique qui doit probablement contenir des charges électriques tournant ainsi très vite, produit un champ électromagnétique rotatif permettant de probablement produire une forme de vide d’aether plus grand autour du système tournant que dans le milieu extérieur. Alors la gravitation, qui est une onde du milieu aether traversant l’espace entre la Terre et le vaisseau est réfractée sur cette couche moins dense d’aether (comme un changement de milieu optique pour la lumière permet de dévier le rayon lumineux). C’est une proposition d’explication personnelle, provenant de mes propres champs d’étude, et pas ce que disent les êtres de Janos.

Un bourdonnement, faible au début, venant du dessous du pont principal, monta régulièrement en intensité et en volume, jusqu’à atteindre un niveau assez bruyant ; mais le grand rotor continua à accélérer, jusqu’à ce que les passages successifs des cylindres ne puissent plus être distingués, et que toute la partie visible du rotor devienne un disque argenté uniforme et étincelant. John dit que les moteurs faisaient beaucoup de bruit, et qu’il sentait le pont vibrer sous ses pieds.

À ce moment, il vécut une expérience curieuse : il devint en apesanteur, perdit l’équilibre et tomba de côté, sans pouvoir se retenir, mais sans toucher le sol. Il dit sous hypnose : « C’est comme tomber dans l’eau. » Anouxia éclata de rire à cela – tout comme un marin peut s’amuser des efforts d’un terrien à garder l’équilibre en mer agitée ; mais il attrapa John et le remit sur ses pieds. Sans doute était-ce une blague ancienne et bien connue.

On peut se rappeler que Frances avait vécu une expérience similaire en marchant dans un couloir après sa conversation avec Uxiaulia ; mais une analyse du déroulement temporel de toute la visite rend douteux que ces événements aient correspondu au même moment de décollage du vaisseau.

Frances, en plus de son examen médical, avait passé une longue période avec Uxiaulia, à parler et à regarder des films, avant que celui-ci ne soit appelé pour déplacer le vaisseau ; tandis que John venait tout juste de terminer son examen médical, et que ses deux visites très prolongées, l’une à la salle des machines et l’autre à la passerelle de navigation, restaient encore à venir lorsqu’il sentit le vaisseau s’élever. Il semble que le vaisseau ait bougé deux fois pour éviter d’être découvert.

Il pouvait désormais sentir l’ensemble du vaisseau s’ébranler et monter, s’inclinant selon un certain angle pendant le mouvement. Anouxia montra les semelles épaisses et blanches de ses propres chaussures noires, et lui fit une démonstration de la manière dont elles lui permettaient de marcher en toute sécurité sur le pont ; elles semblaient adhérer au sol, mais pouvaient se décoller facilement lorsqu’il marchait.

Sous hypnose, John dit : « J’entends les moteurs, et j’ai senti le plancher vibrer – j’ai senti qu’on montait très vite – je tombe en arrière – je flotte en arrière – je ne peux pas m’arrêter – il m’a arrêté là – m’a attrapé – m’a tiré en arrière. »

GEOFF : Qu’est-ce qui l’empêche de tomber ?

JOHN : Il montre ses chaussures ; il pointe du doigt comme pour montrer les semelles épaisses blanches. C’est comme de la mousse de caoutchouc. Il les montre, puis remet son pied au sol. Elles semblent adhérer. Il rit. Le plancher s’est incliné, et le côté gauche est monté ; j’ai eu la sensation d’être dans un avion, quand il s’incline.

GEOFF : Combien de temps cette sensation a-t-elle duré ?

JOHN : Quand je tombais – ça n’a duré qu’environ – dix secondes. Le plancher s’est incliné, pas longtemps, quelques secondes ; puis il s’est stabilisé… On redescend ; on atterrit de nouveau.

GEOFF : Comment le sais-tu ?

JOHN : Le bruit des moteurs ; il diminue. J’entends le rotor ralentir. Les moteurs ralentissent ; et ça a semblé rebondir – descendu, puis légèrement remonté… Je pense qu’on a atterri ; le rotor ralentit encore.

Anouxia parla à John de la grande salle circulaire : « C’est ici que nous produisons l’énergie ». Il dit quelque chose à propos de l’électromagnétisme ; il précisa qu’ils utilisaient « une tension très, très élevée ». John comprit qu’il disait que le bourdonnement entendu venant d’en bas était un dispositif de démarrage ; une fois que le rotor tournait assez vite, il « prenait le relais ».

Quand la crise fut terminée et que la majorité de l’équipage fut retournée à ses quartiers, Anouxia rit et lui dit : « Tu as eu de la chance d’être là pour voir notre moteur en fonctionnement ».

Anouxia conduisit John en bas de la rampe, sur le pont circulaire principal. Ils traversèrent pour aller observer l’un des coffrets blancs, à la base d’une colonne. Il remarqua maintenant qu’un tuyau blanc, d’environ cinq pouces de diamètre, sortait de l’arrière de chaque coffret, en bas, et montait le long de la colonne voisine, pour pénétrer dans le pont perforé du rotor au-dessus. Plus tard, il découvrirait que ce « tuyau » – que l’on doit supposer être un câble fortement isolé – était relié à un coffret similaire situé sur le pont du rotor, juste au-dessus.

Anouxia ouvrit le côté articulé du coffret pour lui montrer ce qu’il contenait, mais ce n’était pas très révélateur. Il ne vit qu’un grand bloc noir rectangulaire, sans détail visible, qui remplissait presque tout l’intérieur du coffret, ne laissant qu’un mince espace d’air. On peut suggérer que ce bloc noir contient un condensateur, également fortement isolé. Frances avait été informée que « l’électricité statique » jouait un rôle important dans le système d’alimentation du vaisseau spatial.

Près du sommet de la face avant du coffret se trouvait un instrument en retrait, en forme de fente de boîte aux lettres, avec une échelle linéaire ; une aiguille indiquait une valeur sur cette échelle, à environ trois quarts de la distance depuis la gauche. Cela évoqua pour John un voltmètre, et c’en était peut-être bien un ; Anouxia montra le cadran, dont l’aiguille était bien à droite, et dit : « Haute puissance ». Il ajouta : « Quand nous faisons décoller le vaisseau, beaucoup d’énergie est consommée, et nous devons faire attention à ne pas en utiliser trop. »

Néanmoins, il semblait étrange qu’autant de personnes soient nécessaires pour prendre des relevés séparés, alors que tout cela aurait pu facilement être géré par un ordinateur. Il avait le sentiment qu’Anouxia essayait d’expliquer pourquoi ils avaient besoin de tant de monde, mais il n’en garde pas un souvenir clair. Ce que nous avons supposé – et cela a peut-être été suggéré à John, mais nous ne pouvons en être certains – c’est que, puisque tant de personnes doivent être transportées dans les vaisseaux, ils créaient en réalité des tâches pour ces gens, en particulier pour les jeunes hommes et femmes qui pourraient s’ennuyer ou devenir agités dans la vie à bord, afin de leur donner quelque chose à faire, et une expérience concrète d’un atterrissage planétaire, ce qui devait être enthousiasmant pour eux après un long séjour à bord.

Ils firent le tour de l’immense pont circulaire : à un endroit, encastrés dans la paroi extérieure, se trouvaient deux écrans de type télévision ; sous chaque écran, une large tablette avec des instruments et des commandes, et un siège du modèle habituel à pied central était fixé devant chacun des deux écrans. L’un des écrans était vide ; mais l’autre était actif, et un technicien en combinaison argentée était assis sur le siège-selle noir, observant l’affichage de l’écran et ajustant périodiquement les commandes. L’affichage lumineux se composait de trois lignes verticales, allant du haut en bas de l’écran ; sur ces lignes étaient disposées un certain nombre de petites barres horizontales de longueurs diverses, un ensemble de barres par ligne verticale. L’ensemble de l’affichage descendait lentement. John fut informé par Anouxia que cet instrument avait un rapport avec l’altitude du vaisseau.

Anouxia l’emmena ensuite vers un endroit du pont principal où se trouvait un escalier menant à un pont inférieur ; il était protégé par des rampes. Il est notable que ce soit la seule occasion où il est question d’escaliers. J’ai interrogé John à ce sujet, et il était tout à fait certain qu’il s’agissait effectivement d’un escalier fixe, assez raide.

Le pont inférieur, auquel menait cet escalier – ou cette échelle de coupée, devrait-on dire – était bien moins étendu que le pont principal, comme on pouvait s’y attendre. Il était également plus bas de plafond ; la hauteur sous plafond était d’environ huit pieds six pouces (environ 2,60 m).

Vers le centre du vaisseau, une cloison lui obstruait la vue ; cela devait être l’enveloppe extérieure du sas. Ailleurs, des couloirs partaient dans différentes directions ; de chaque côté de ces couloirs se trouvait une série de formes massives, chacune composée d’un grand cadre carré, occupant toute la hauteur disponible, et d’environ six pieds (1,80 m) de large.

Au milieu de chaque cadre, une sorte de cylindre elliptique – si les géomètres permettent cette expression – d’environ cinq pieds (1,5 m) de long s’étendait horizontalement ; la section elliptique mesurait environ quatre pieds six pouces (1,37 m) dans son grand axe vertical, et environ deux pieds six pouces (0,76 m) dans son petit axe horizontal.

L’ensemble était recouvert d’un matériau lisse, blanc cassé, peut-être un plastique tel que nous l’entendons ; l’intérieur n’était donc pas visible, mais la forme et la disposition évoquaient fortement un transformateur. On peut supposer la présence dissimulée d’un élément transversal, à mi-hauteur dans le cadre, formant un noyau pour les enroulements ; la forme elliptique permettait probablement une meilleure utilisation de l’espace disponible, ainsi qu’un accès plus facile pour la maintenance.

L’élément vu par John qui ressemblait à un transformateur de grande taille.
L’élément vu par John qui ressemblait à un transformateur de grande taille.

Là encore, bien que l’enveloppe ne permette pas de le voir, il est raisonnable de supposer que l’ensemble du cadre, y compris l’élément transversal invisible, était constitué de fines lamelles superposées, comme on le fait d’ordinaire pour limiter les courants de Foucault ; et que cet ensemble formait un noyau destiné à concentrer les lignes de force magnétique.

Bien qu’on ne lui ait montré qu’une partie du pont inférieur, John comprit par Anouxia que tout était semblable ; et que tout l’espace du pont était rempli de ces unités de puissance, ne laissant que les voies d’accès nécessaires pour l’entretien. Même en supposant que les enroulements soient faits en fil d’aluminium, le poids total devait être considérable ; cela avait pour effet de concentrer une grande partie de la masse du vaisseau dans la partie la plus basse de la coque.

Ils remontèrent au pont principal ; mais la visite de John à l’ensemble du complexe énergétique du vaisseau n’était pas encore terminée.

Plus tôt, il avait remarqué que les nombreuses colonnes soutenaient un pont circulaire, de diamètre inférieur à celui du cercle englobant les balcons, et que la surface de ce pont était constituée de longs panneaux de métal perforé, d’environ 1,20 m de large, disposés radialement selon un motif à six branches. Les panneaux étaient découpés vers le centre de manière à s’ajuster dans un même plan ; il supposait qu’un cadre structurel maintenait l’ensemble, mais il ne pouvait pas le distinguer.

En raison des perforations, il pouvait voir en partie à travers le pont supérieur depuis en dessous ; il distinguait des coffrets blancs semblables à ceux du pont principal, mais avec une différence importante : un grand nombre de tuyaux, pour la plupart fins mais certains très épais, s’étendaient d’un coffret à l’autre, formant un enchevêtrement de type spaghetti si dense qu’il ne parvenait pas à voir jusqu’au plafond final au-dessus. Les tuyaux épais ressemblaient à ceux qu’il avait vus courir verticalement près des colonnes, reliant les coffrets du pont principal à ceux du pont du rotor au-dessus ; mais les nombreux petits tuyaux, d’environ 2,5 cm de diamètre, couraient d’un coffret à l’autre uniquement sur le pont du rotor – il n’y en avait aucun sur le pont principal.

Lorsqu’il avait d’abord levé les yeux à travers la partie extérieure du pont perforé du rotor, avant que les cylindres du rotor ne commencent à tourner, il y avait là une demi-douzaine de techniciens ; mais quand le rotor s’était mis en marche, il avait remarqué qu’ils quittaient la zone avec une certaine précipitation.

John avait également vu que le périmètre du pont supérieur – que nous avons fini par appeler le pont du rotor – était fermé par un mur circulaire épais de couleur gris terne – ce qui est notable comme l’une des rares exceptions à la prédominance de surfaces blanches ou argentées dans presque tout le vaisseau. En six points, équidistants autour du cercle, le mur gris était interrompu par une ouverture d’environ la largeur d’une porte normale, donnant accès au pont du rotor lui-même : depuis chacune de ces six ouvertures s’étendait vers l’extérieur une passerelle en métal perforé – une simple bande d’environ 1,20 m de large – reliant l’ouverture à une porte dans le mur extérieur. Plus précisément, bien qu’il ne s’en soit pas rendu compte à ce moment-là, une analyse du plan montre que quatre des six passerelles s’étendaient jusqu’au mur extérieur de la salle des machines, mais que deux d’entre elles, formant une paire opposée, rejoignaient des segments muraux plus proches situés derrière les balcons.

Plan en vue de dessus de la salle des machines avec le rotor.
Plan en vue de dessus de la salle des machines avec le rotor.

Anouxia ramena alors John en haut de la rampe mobile vers le balcon ; ils passèrent par une porte située à l’arrière du balcon, et il se retrouva de nouveau dans l’ascenseur sombre. Cette fois, ils s’élevèrent lentement, sur une courte distance, et débouchèrent au niveau du mur situé derrière le balcon, mais plus haut, toujours à l’intérieur de la grande salle circulaire. Ils étaient maintenant à hauteur du pont du rotor, et Anouxia avança sans hésitation sur la passerelle, bien qu’elle ne possède aucune rambarde et que rien n’empêche de tomber vers le pont principal, environ six mètres plus bas.

John suivit Anouxia le long de la passerelle jusqu’à l’ouverture dans le mur gris, qu’ils franchirent pour pénétrer sur le pont du rotor lui-même, avec ses coffrets blancs et son enchevêtrement de tuyaux blancs les reliant. Le réseau de tuyauterie se situait près du sol perforé, et il réalisa alors que les coffrets étaient plus bas que ceux du pont principal, ne mesurant qu’environ 60 cm de haut, bien que leurs autres dimensions fussent similaires.

Le rotor géant était maintenant à l’arrêt, ce qui lui permit de l’examiner de près. En réalité, Anouxia lui expliqua que personne n’était autorisé à se trouver sur ce pont pendant que le rotor tournait : c’était trop dangereux.

La poutre qui supportait les cylindres brillants à ses extrémités était bien au-dessus de la tête de John ; sa face inférieure se trouvait à près de 2,40 m du sol sur lequel il se tenait. La poutre faisait environ 40 cm de large ; ses bords étaient arrondis, et la surface supérieure s’inclinait doucement vers le centre de chaque côté. Cette forme de section conférait une certaine rigidité sans nuire à l’aérodynamisme transversal, crucial lorsque le rotor tourne à très haute vitesse ; selon moi, elle procurait également une légère portance aérodynamique à la poutre rotative, qui mesurait environ 11 m de long.

Vue de profil du bras du rotor (en sombre) avec le cylindre aux pointes effilées attaché en extrémité de bras.
Vue de profil du bras du rotor (en sombre) avec le cylindre aux pointes effilées attaché en extrémité de bras.

À chaque extrémité, la poutre était insérée latéralement dans le centre du cylindre ; chaque cylindre faisait environ 1,5 m de long, et environ 45 cm de diamètre dans sa partie centrale cylindrique. Cette partie droite mesurait environ 70 cm de long ; au-delà, la forme se rétrécissait en une pointe arrondie, comme celle d’une balle émoussée, avec des extrémités bien arrondies, non pointues.

Le réseau de tuyauterie rendait difficile l’accès au centre du pont du rotor ; mais John distinguait clairement le pivot central autour duquel tournait la poutre du rotor : il s’agissait d’un arbre vertical, d’environ 50 cm d’épaisseur, s’étendant du sol au plafond, solidement fixé en haut et en bas dans un palier massif. Une collerette de taille comparable, montée sur l’arbre près de son palier supérieur, servait de support robuste à la poutre. Mes calculs suggèrent que cette collerette occupe le centre géométrique du vaisseau.

Le plafond supérieur de la salle des machines se trouvait à environ 3 m au-dessus du pont du rotor ; ainsi, la hauteur totale de cette salle atteignait environ 9 m. Le mur gris épais qu’ils avaient franchi mesurait environ 1,80 m de haut ; il n’atteignait pas le plafond. Anouxia expliqua à John que ce mur gris n’était pas simplement un mur, mais faisait partie du système électrique. Il est possible, selon ma propre supposition – non rapportée par John –, qu’il s’agisse d’un grand aimant circulaire. Cela marquait la fin de la visite guidée de John dans la salle des machines ou complexe énergétique du vaisseau ; nous avons estimé qu’elle devait occuper plus de la moitié du volume total du vaisseau, à l’intérieur d’un cercle d’environ 50 m de diamètre. Au-dessus, nous avons pensé qu’il devait y avoir trois ponts, probablement pas plus, contenant les pièces plus petites, dont certaines ont été visitées par nos témoins, même si nous n’avons pas pu en déterminer précisément l’emplacement ; il devait y avoir des espaces de vie pour plus de cinquante personnes, ainsi que tous les stocks et installations techniques restants. L’une de ces dernières, la salle de navigation ou « passerelle » comme on pourrait l’appeler, allait être la prochaine étape de John.

Les habitants de Janos affirment être d’origine terrienne très anciennement, connaissant la Terre « depuis le passé » et la considérant comme leur histoire vivante. Bien qu’ils aient exploré de nombreuses planètes pour préparer leur exode, ils n’étaient jamais revenus sur Terre avant l’arrivée récente de leur flotte dans notre système solaire, la distance ayant été jusque-là un obstacle. Ils sont revenus voir s’ils pouvaient vivre sur Terre auprès de nous, suite au cataclysme qui a détruit leur monde d’accueil, Janos.

Leur vaisseau, de forme lenticulaire biconvexe, correspond au type le plus souvent observé dans les témoignages d’OVNI. La conception circulaire résulterait de l’intégration d’un mécanisme rotor permettant d’annuler la gravité lors du décollage, le rotor restant immobile en vol spatial. Les grands vaisseaux construits en orbite n’ont pas cette forme et peuvent être cylindriques, comme celui rapporté lors de l’explosion de Toungouska en 1908.

Selon l’enquêteur Frank Johnson, la trace d’un autre contact récent avec la Terre pourrait remonter au moins à 1888, année où un journal d’un homme vivant parmi les Indiens des Rocheuses mentionne une « petite lune » déposant des hommes aux cheveux courts et aux vêtements brillants, associés à des « ours-fous » ou sasquatchs. Les êtres qui ont déposé les « ours-fous » sont décrits comme puissants, aux cheveux courts sur la tête et aux vêtements brillants, ce qui correspond aux descriptions d’équipages de Janos.

Les « ours-fous » eux, sont décrits comme nus, massifs, couverts de poils sombres, et ils ont été laissés aux Indiens avec un signe amical rappelant celui observé chez les habitants de Janos. Natasha, témoin contemporain, vit dans un film montré par Akilias, l’une des Janosienne, des créatures similaires vivant en groupe familial dans une grotte ou un terrier, aux yeux verts et aux mains et pieds blanchâtres, détails concordant avec certains rapports modernes de sasquatch. L’ensemble suggère que ces êtres, connus des habitants de Janos, vivaient peut-être sur Janos ou sur une planète voisine qu’ils fréquentaient.

Selon Johnson est possible que des vaisseaux éclaireurs aient quitté Janos jusqu’à un siècle avant l’arrivée de la flotte migratrice. Leur mission aurait pu être de mettre à jour les connaissances sur la Terre, de rapatrier certains hominidés primitifs tels que les sasquatchs, et d’entreprendre une étude approfondie de la population humaine moderne.

Mais tout ceci est une spéculation de Johnson, à prendre avec précaution. L’information est que les Janosiens disent être des terriens partis vivre sur Janos il y a longtemps et qu’ils sont venus voir si ils pouvaient revenir comme migrants stellaires sur Terre.

Les habitants de Janos sont d’origine terrienne. Deux hypothèses sont envisagées pour leur départ initial par Frank Johnson :

  1. Départ par leurs propres moyens : impliquerait l’existence sur Terre, dans un passé lointain, d’une civilisation technologiquement bien plus avancée que la nôtre, capable de réaliser un voyage interstellaire à vitesse proche de celle de la lumière.
  2. Départ comme passagers : volontaires ou non, transportés par une autre civilisation beaucoup plus avancée.

Aucune des deux hypothèses n’est confirmée, mais l’homogénéité physique et raciale du groupe d’origine laisse penser qu’ils venaient d’une région géographique restreinte d’Europe (probablement Europe de l’Est), ce qui rend plus probable la théorie des passagers.

L’un des Janosiens, Uxiaulia, dit à Frances que plusieurs centaines d’années avant que l’éboulement rocheux ne les chasse de leur monde d’origine, ils avaient effectué leur premier vol spatial vers Saton, leur plus proche voisine. Donc il semble qu’ils n’aient pas possédé la technologie de transport spatial avant ou l’aient perdu. Ceci va quand même dans le sens d’un transport par une autre civilisation.

Dans le cas de passagers transportés par une civilisation étrangère, la migration aurait pu résulter d’un plan délibéré visant à coloniser Janos, d’une opération de sauvetage face à une menace terrestre telle qu’une glaciation, ou encore d’un projet répondant à des motifs inconnus — qu’ils soient scientifiques, expérimentaux ou relevant d’un dessein plus vaste.

La grande flotte migratoire de Janos est désormais présente quelque part dans le système solaire, mais leur position exacte n’est pas divulguée. Bien que chaleureux envers la famille témoin, les habitants de Janos sont prudents et conscients des enjeux politiques terrestres, estimant que certains pourraient vouloir exploiter leur savoir à des fins de pouvoir. Leur arrivée et leur volonté de s’installer durablement sur Terre constituent un problème politique majeur, notamment quant à la question sensible de leur lieu d’installation. Leur devise « Nous venons en paix, si tout le monde est d’accord » reflète leur culture profondément démocratique, où les décisions ne sont prises qu’après accord général, souvent à l’issue de longues discussions collectives à bord de leur immense vaisseau amiral en forme d’anneau, centre décisionnel et logistique de la flotte.

Ils privilégient le contact avec des individus ordinaires plutôt qu’avec des dirigeants politiques, jugeant que les gouvernements sont davantage motivés par l’acquisition de technologie que par une véritable coopération. Cette approche traduit leur conviction que les gens ordinaires doivent avoir une voix directe dans les décisions collectives. Leur population totale est estimée à un ordre de grandeur d’environ dix millions de personnes, bien que ce chiffre puisse être inférieur. Si certains pourraient se fondre discrètement parmi la population terrestre, ils souhaitent au contraire s’établir ouvertement et collectivement, de préférence sur une île suffisamment vaste pour accueillir toute leur communauté en autonomie. Toutefois, avant même d’aborder ces aspects logistiques, il faudra établir un climat de bonne volonté et de confiance mutuelle, un objectif qui s’annonce complexe.

Janos avait deux petites lunes. L’une d’elles, appelée Saton (prononcé « Zaton »), fut lentement attirée vers la planète par effet gravitationnel au fil des millénaires. À terme, elle s’approcha dangereusement, atteignant un point où sa cohésion était menacée par les forces de marée. Les Janosiens savaient depuis longtemps qu’un jour, leur lune deviendrait une menace mortelle pour leur monde. Ils avaient donc entrepris de chercher une autre planète habitable, comme des passagers d’un navire condamné se préparant à embarquer sur des canots de sauvetage.

Disposant d’une science avancée, ils avaient développé la technologie du voyage spatial interstellaire et lancé des vaisseaux d’exploration vers les étoiles proches pour rechercher un nouveau foyer. Cette quête dura longtemps, car bien que plusieurs planètes aient été étudiées et jugées potentiellement habitables, une seule attirait particulièrement leur attention : la Terre. Ils en avaient connaissance depuis des temps anciens par leurs archives historiques, et la percevaient comme une planète sœur, rappelant le Janos de jadis. Elle leur semblait familière, presque comme un retour chez soi.

Il existait toutefois des différences entre les deux mondes : sur Terre, les océans couvrent une grande partie du globe, alors que sur Janos, la superficie des terres dépassait celle des mers et des lacs.

Bien avant la catastrophe, les habitants de Janos connaissaient donc l’existence de la Terre. Mais à la menace imminente de la désintégration de leur lune est venue s’ajouter un autre danger, plus imprévisible et pour lequel ils n’étaient pas préparés — un péril nucléaire.

Malgré leur anticipation du danger, les habitants de Janos tardèrent trop à agir, et la désintégration de leur lune Saton débuta plus tôt que prévu. D’immenses rochers commencèrent à s’abattre sur la planète alors que l’opération d’évacuation n’était pas encore terminée. Un gigantesque vaisseau-mère en forme d’anneau, véritable cité spatiale, ainsi qu’une flotte entière de vaisseaux orbitait déjà autour de la planète, prêts à accueillir plusieurs millions d’habitants pour un long voyage interstellaire. Ces grands vaisseaux, construits en orbite, ne pouvaient pas atterrir à la surface : des centaines de plus petits vaisseaux lenticulaires (de type « soucoupes volantes ») assuraient la navette entre la planète et la flotte.

Ces soucoupes étaient construites dans d’immenses chantiers navals souterrains, creusés profondément dans la croûte de Janos, sous des voûtes soutenues par d’énormes colonnes en forme de trompettes. Lorsque les premiers impacts rocheux commencèrent, la panique s’installa. Ceux qui échappèrent aux premières frappes se précipitèrent vers les tunnels d’accès menant aux hangars souterrains. Les vaisseaux déjà prêts embarquèrent le plus de personnes possible, puis prirent leur envol à travers les tunnels, sous le risque d’être écrasés par les chutes de roches, et montèrent rejoindre la flotte en orbite.

Ce va-et-vient continua jusqu’à ce que les bouches des tunnels commencent à s’effondrer sous l’impact, rendant les évacuations trop dangereuses. L’opération fut alors suspendue jusqu’à la fin de l’épisode de bombardement, estimée à plusieurs mois.

Certains habitants restés dans les complexes souterrains survécurent probablement, à l’abri des chutes, avec des provisions et des vaisseaux non terminés dans lesquels vivre. Parmi les souvenirs montrés à la famille anglaise, un film documente un des premiers bombardements : on y voit d’énormes rochers « gros comme des maisons » tomber du ciel, écrasant des bâtiments et provoquant des incendies. On entend les cris de victimes piégées. Une image marquante montre un grand chien ou loup sombre, assis au bord d’une falaise, hurlant vers le ciel — une vision mystérieuse que le récit promet d’expliquer plus tard.

Pluie de rochers tombant sur le sol de Janos vu par les témoins.
Pluie de rochers tombant sur le sol de Janos vu par les témoins.

Alors que l’évacuation de la planète était déjà en cours, un facteur crucial avait été négligé : la présence de nombreuses centrales nucléaires à la surface, sources majeures d’énergie pour les infrastructures automatisées de Janos. Ces installations, exposées aux impacts des rochers, étaient censées s’arrêter automatiquement en cas de destruction. Mais ce ne fut pas le cas.

Une membre de la famille témoin a vu, à bord du vaisseau janosien, un film montrant une de ces centrales avant qu’elle n’explose dans une lumière aveuglante, suivie de nombreuses autres explosions à travers la planète. Une réaction en chaîne s’était produite. La structure protectrice des centrales, endommagée par les chutes de roches, avait cédé, déclenchant un emballement nucléaire incontrôlable. L’explosion des boucliers biologiques projeta des tonnes de poussières hautement radioactives dans l’atmosphère, soulevées par des vents violents générés par les détonations successives.

Pire encore, cette poussière radioactive fut aspirée par les systèmes de ventilation toujours en fonctionnement, s’infiltrant dans les tunnels et atteignant les chantiers souterrains où vivaient encore de nombreux Janosiens. Toute la planète, surface et souterrain compris, fut contaminée.

Les communications entre la flotte en orbite et les installations au sol ayant été rompues, les vaisseaux ignoraient la situation sur Janos. Lorsqu'ils purent redescendre après la fin du bombardement, ils découvrirent l’horreur : les survivants des chantiers étaient gravement irradiés, condamnés à une mort lente. Aucun ne put être secouru ni transporté, sous peine de contaminer les vaisseaux.

Les équipes de secours firent ce qu’elles purent : elles distribuèrent des fournitures et mirent au point des vêtements protecteurs rappelant une robe de moine à capuche. Un triste rituel s’établit : des visites régulières pour ramasser les corps des morts, transporter les cercueils, et tenter d’alléger les souffrances. Un film montre les derniers survivants, défigurés, édentés, aveugles, aux mains déformées, transportant lentement un cercueil vers un véhicule en lévitation.

Quand le dernier survivant mourut, la flotte quitta définitivement Janos. Elle mit le cap sur la Terre, dont les coordonnées galactiques étaient connues, à une vitesse proche de celle de la lumière. Selon les horloges à bord, le voyage dura deux ans, bien que des milliers d’années se soient écoulées en temps terrestre.

Cette double catastrophe — la désintégration de Saton suivie de l’accident nucléaire planétaire — laissa une marque émotionnelle durable chez les Janosiens. Leur deuil fut profond, surtout pour ceux qu’ils n’avaient pas pu sauver. Même aujourd’hui, ils ne montrent leur peine que lorsqu’ils partagent ces souvenirs avec des visiteurs, en leur montrant les enregistrements filmés de ces événements tragiques.

Frank Johnson : « L’ENFANT AÎNÉE, Natasha, n’avait encore que cinq ans au moment de la rencontre rapprochée ; mais pour diverses raisons, elle constitue un témoin particulièrement précieux. Elle n’est pas assez âgée pour dissimuler de façon convaincante, si l’on me permet cette observation quelque peu cynique à propos de la nature humaine ; et même si, comme toute personne quel que soit son âge, elle est capable de broder ou d’agrémenter la vérité, cela devient immédiatement apparent pour quiconque la connaît. On peut littéralement « voir les rouages tourner » dans son esprit. Elle peut bien sûr se tromper ; mais tout témoin adulte le peut aussi.

Du côté positif, Natasha est une enfant exceptionnellement vive et très observatrice ; elle a également une bonne mémoire des détails. Son principal atout dans cette enquête est qu’elle a eu très peu d’amnésie : elle explique cela en disant qu’avant de quitter le vaisseau spatial, les adultes ont reçu une boisson pétillante dans un verre, « pour les aider à oublier ». Ceci fut plus tard confirmé par Frances sous hypnose. Natasha a refusé la boisson, et sa mémoire est claire ; elle est cependant revenue par étapes, de manière typique à une personne sortant d’une légère amnésie.

J’ai interrogé Natasha, alors âgée de six ans, le 21 février 1979, en présence de ses parents. Sa sœur cadette Tanya, âgée de trois ans au moment de la rencontre rapprochée, était assise à côté d’elle ; et j’ai remarqué que, chaque fois que Natasha hésitait à répondre à mes questions, Tanya lui soufflait la réponse à l’oreille. Il m’est devenu très clair, en fait, que Tanya, malgré son très jeune âge, comprenait toutes les questions et connaissait les réponses. (Depuis lors, Tanya a démontré qu’elle avait un très bon souvenir de l’incident.)

Je pense que nous sous-estimons souvent les jeunes enfants ; beaucoup de gens rejettent leurs témoignages comme peu fiables, en disant en substance : « Oh, ce n’est qu’un enfant, on ne peut pas en tenir compte. » De mon expérience, les jeunes enfants sont plus fiables, comme témoins, que la plupart des adultes ; et je pense que la plupart des personnes ayant une expérience juridique diraient la même chose. Les enfants sont bien sûr limités par ce qu’ils savent : un adulte pourra donner beaucoup plus d’informations sur un incident donné, parce qu’il dispose d’un bagage de connaissances plus vaste pour mettre l’expérience en contexte ; mais en même temps, un adulte est plus enclin à être induit en erreur par ses propres idées préconçues.

Dans ce cas, le témoignage de Natasha était clair et sans équivoque, et s’est révélé d’une grande valeur pour l’enquête. Elle a notamment permis de dissiper une confusion sur l’arrêt de la voiture, en affirmant catégoriquement que « Papa » (John) s’était arrêté deux fois : la première fois, « il est sorti pour regarder la soucoupe volante ; puis, parce que Maman avait peur, il est remonté et a redémarré » ; mais un peu plus loin, il s’est arrêté à nouveau, car le vaisseau spatial était juste au-dessus de la voiture, très bas ; et cette fois, ils sont tous sortis, et ils ont « flotté » dans le vaisseau, en montant dans un rayon de lumière. À ce stade de l’enquête, aucun des adultes n’avait réalisé que la voiture s’était arrêtée deux fois ; ce point permit donc de résoudre une difficulté.

Natasha a dit qu’une « dame » appelée Akilias a conduit Gloria et les enfants dans une pièce, où de nombreux occupants du vaisseau sont venus voir les enfants ; puis Akilias l’a emmenée dans une autre pièce, où on lui a montré sur un écran de télévision une soucoupe volante atterrissant sur une planète. Elle dit que la soucoupe volante avait un train d’atterrissage rétractable : « Elle avait des pattes ; et ils pouvaient les replier quand ils n’en voulaient plus. » (Cela concorde avec certains rapports publiés ailleurs.)

Plus tard, Natasha a précisé et corrigé sa déclaration, en disant qu’elle se souvenait maintenant que sa mère (Gloria) et les deux enfants avaient d’abord été emmenés par la dame dans une pièce où se trouvait un canapé noir (il pourrait s’agir du siège habituel d’examen mis à plat, comme nous le savons d’après les autres récits).

Elle dit que sa mère a été allongée sur le canapé ; et que des pinces, reliées par des fils, lui ont été fixées aux jambes sous les genoux. Natasha dit qu’elle n’a rien vu de plus concernant l’examen de sa mère ; car Akilias lui a alors dit qu’elle l’emmènerait dans une autre pièce pour lui montrer des images. Tanya a voulu les suivre, mais Akilias l’a arrêtée, disant : « Pas Tanya ; elle est trop jeune : mais toi, tu es juste de l’âge qu’il faut pour les voir. » Tanya est donc restée avec sa mère. Natasha dit qu’en quittant la pièce, sa mère semblait dormir sur le canapé.

Je reviendrai plus tard sur la question des images vues par Natasha sur l’écran ; elles posent des problèmes très complexes, et pourraient être d’une grande importance.

Comme cela pourra intéresser le lecteur, je vais maintenant fournir une transcription quelque peu condensée de l’enregistrement original de l’entretien du 21 février 1979. Il convient de préciser ici que, jusqu’à la date de cet entretien, les parents avaient délibérément évité d’évoquer l’incident de la soucoupe volante en présence des enfants, de peur de les perturber — à tort, comme il s’est avéré. C’est le fait que Natasha, sans y être poussée, a commencé à parler à ses parents du vaisseau spatial de manière tout à fait naturelle, en paraissant calme et sans inquiétude, qui a persuadé les parents qu’il serait peut-être bon de me proposer de l’interroger ; lorsqu’on proposa à Natasha que Frank lui pose quelques questions sur la soucoupe volante, elle sembla plutôt enthousiaste à l’idée. Elle s’est révélée être un excellent témoin, dans les limites de ses capacités d’expression ; au début elle était un peu timide, mais elle a vite pris confiance.

Lorsqu’elle raconte les événements, Natasha explique qu’alors qu’elle était dans la voiture, une lumière est descendue du ciel. Toute la famille était assise à l’intérieur, mais à un moment, ils sont sortis et se sont retrouvés dans cette lumière avant de monter dans un vaisseau spatial. Le père est sorti en premier avec Frances, puis Natasha, sa mère et Tanya ont suivi peu après. Natasha était assise du côté où se trouvait la soucoupe et a pu l’observer par la fenêtre : l’objet avait une forme classique de soucoupe avec des fenêtres carrées alignées horizontalement, sur lesquelles se dessinaient des motifs en lignes et carrés. Elle distinguait des silhouettes à travers ces hublots. Le vaisseau effectuait des mouvements de montée et descente, et portait de nombreuses petites lumières rondes multicolores qui s’allumaient et s’éteignaient alternativement, tournant de gauche à droite.

Lorsque Natasha, sa mère et Tanya sont sorties, la soucoupe se trouvait désormais juste au-dessus de leur voiture. Les petites lumières cessèrent et une lumière blanche intense descendit du centre inférieur du vaisseau, éclairant directement le groupe.

NATASHA montre le dessin qu’elle a fait du vaisseau.
NATASHA montre le dessin qu’elle a fait du vaisseau.

Natasha aperçut au sol une seule personne étrangère : une femme en combinaison brillante, dorée selon elle (sa mèe Gloria précise que cela pourrait vouloir dire argentée pour Natasha, car elle confond le doré et l'argenté), avec ceinture et casque assortis, tenant un petit appareil noir muni de boutons rouges. Cette femme leur fit signe de monter et actionna son appareil, ce qui provoqua leur élévation, debout, comme dans un ascenseur, jusqu’à une grande plate-forme mouvante. Après un arrêt sur cette plate-forme, une large porte carrée coulissante à deux battants s’ouvrit, laissant voir un couloir dans lequel la femme les guida.

À l’intérieur, Natasha aperçut un grand écran mural montrant leur voiture, la route et d’autres véhicules vus d’en haut. La femme manipula à nouveau son appareil, ce qui les mena par une rampe puis un ascenseur particulier vers une pièce où Natasha, sa mère et Tanya furent assises sur des sièges noirs à pied central fixé au sol par une base circulaire. Ces sièges, à l’assise incurvée, possédaient des bras métalliques brillants qui se refermaient autour de la taille des occupants, vraisemblablement pour les maintenir lors du décollage. Natasha sentit le vaisseau s’élever, sensation comparable à celle d’un avion.

Une femme présente dans la pièce leur annonça qu’ils allaient peut-être monter, et attacha les dispositifs métalliques. Plus tard, une fois le vol engagé, Natasha fut détachée et conduite seule dans une autre salle équipée d’un grand écran mural. Les images montraient un vaisseau semblable au leur.

JOHN : Elle a dit l’autre jour qu’elle avait vu une planète qui s’était rapprochée ; et ensuite elle a vu d’autres soucoupes volantes posées sur la planète.
[Il ressort d’autres remarques de Natasha, faites plus tard, qu’elle a vu un film d’une certaine longueur, montrant plusieurs planètes différentes, avec des soucoupes volantes posées ou volant au-dessus. Celles qui étaient posées avaient leur train d’atterrissage à trois pieds abaissé ; elle a vu l’un des vaisseaux rentrer son train d’atterrissage au décollage.]

On peut noter ici une remarque intéressante faite par Natasha à la mi-août 1979. Elle parlait assez souvent de la soucoupe volante à ses parents ; John lui demanda : « Ça te dérangerait de rencontrer de nouveau les gens de la soucoupe ? »

À ce moment-là, Natasha n’avait plus du tout peur des gens du vaisseau ; ses parents furent donc surpris de voir cette question faire passer sur son visage un léger mais clair frisson de peur. Elle répondit :

« Eh bien, ça irait si c’était eux ; mais ça pourrait être un des autres. »

Quand ils lui demandèrent ce qu’elle voulait dire par là, Natasha répondit :

« Comme certains qu’on a vus sur les planètes — certains sont des monstres. »

Au début, elle ne voulait pas dire de quel genre de monstre il s’agissait, sauf qu’ils étaient « poilus ». Plus tard, quand elle s’habitua à l’idée, elle perdit sa crainte des monstres, et raconta à ses parents que sur l’une des planètes qu’elle avait vues (cela pouvait bien sûr être un endroit sur Janos), il y avait un ruisseau qui coulait entre des berges boueuses ; et à côté du ruisseau, il y avait plusieurs « hommes » — comme des hommes ordinaires mais très grands et forts, et nus.

Leurs corps étaient entièrement recouverts de poils longs, lisses, brillants et noirs, qui couvraient aussi le visage, sauf autour des yeux ; les mains et les pieds, eux, étaient nus et paraissaient « blanchâtres » — mais c’était peut-être de la boue sèche, car ces êtres poilus entraient et sortaient de l’eau. Elle vit un des hommes se pencher et recueillir de l’eau dans ses paumes pour boire.

Natasha dit que ces gens vivaient sous terre : le film montrait ensuite l’intérieur d’une caverne ou d’un grand terrier, où une famille de ces êtres — hommes, femmes et enfants — vivait. Il n’y avait rien dans la caverne, à part de très grossiers matelas de paille sur lesquels ils dormaient.

Il y a une forte ressemblance entre ces hommes poilus vus par Natasha et la tradition du « sasquatch » chez les Indiens d’Amérique, qui est liée à des observations d’OVNIs. Je traiterai plus en détail ce sujet dans le chapitre 13.

J’ai hésité à inclure cet épisode des êtres poilus dans mon récit publié, car il repose uniquement sur le témoignage non corroboré d’un enfant qui, au moment de l’expérience, n’avait que cinq ans ; cependant, je suis encouragé à le faire, en particulier par Frances, qui connaît bien l’enfant et dont l’avis réfléchi est que Natasha n’a pas inventé cela, et n’aurait d’ailleurs pas pu l’inventer.

C’est aussi l’opinion de Frances concernant un autre récit des « monstres » que Natasha m’a raconté elle-même par la suite : après avoir vu le film des êtres poilus et nus, Akilias lui montra une série de photographies fixes, non des images animées, sur le même écran.

Il y en avait quatre que Natasha se rappelait : Akilias lui dit qu’il s’agissait d’habitants d’autres planètes que son peuple avait visitées ; et elle apprit à Natasha à dire leurs noms : SAUNUS, VONASON, FAUN et PHUSANTHEAS.

Quand ses parents écrivirent les noms pour me les transmettre, ils commencèrent à noter le dernier comme « Fusantheas » ; mais Natasha les corrigea en disant : non, ça commence par un « P ». Aucun membre de la famille ne remarqua que ce détail donnait au mot une consonance nettement grecque.

L’apparence réelle des quatre types extraterrestres, que Natasha dessina plus tard, est plutôt déroutante ; et je ne souhaite pas leur accorder trop d’importance, car bien qu’ils ne soient manifestement pas humains, ils suivent quand même plus ou moins le modèle « humanoïde » habituel. J’ai l’impression que Natasha, comme la plupart des gens, était influencée par l’idée que des « monstres » de l’espace doivent ressembler à une forme humaine : tête, corps, yeux, bouche, bras, jambes, etc. Peut-être lui fais-je injustice ; mais c’est pour cette raison que je m’abstiens de publier les dessins, sauf celui de Phusantheas.

Dessin de Phusantheas par Natasha.
Dessin de Phusantheas par Natasha.

Akilias lui dit que, parmi les quatre, seul Phusantheas était amical ; les trois autres étaient hostiles, et Faun est représenté portant une « arme ». Il est intéressant de noter que parmi les quatre, Phusantheas est le seul qui ait une allure vaguement humaine ; il est représenté comme un petit homme de type lutin, avec de grandes oreilles, et entièrement vert. Un « petit homme vert » ?

Peut-être l’aspect le plus difficile du récit, pour l’enquêteur-narrateur, a-t-il été l’entrée de la famille de cinq personnes dans le vaisseau spatial. Sans doute parce qu’il s’agissait de la première partie de l’expérience réellement perçue comme totalement étrangère à leur vécu, tous les témoins montrent une certaine confusion au sujet de cet épisode d’entrée, et ont eu des difficultés à s’en souvenir. Frances, en plus, possède un souvenir clair mais énigmatique, qui apparaît à la bonne place dans la séquence pour correspondre à une entrée dans le vaisseau, mais qui reste isolé : on ne peut ni l’associer à un autre événement, ni l’insérer dans le reste du récit.

Elle se souvient qu’elle était debout, son corps déplacé ou porté par une force extérieure. Son mouvement était complexe : elle le compare au fait de se tenir debout sur un escalator montant dans une station de métro à Londres, mais avec le corps tourné vers la gauche, faisant face au mur latéral gauche, là où sont généralement affichées les publicités. Elle était vaguement consciente d’un défilement de motifs visuels vers le bas à gauche, trop rapide pour qu’elle puisse en retenir les détails. Dans le même temps, l’« escalator » qui la portait n’était pas droit comme dans le métro : elle avançait, épaule droite en avant, selon un chemin en spirale — comme si, dit-elle, un escalator était aussi un escalier en colimaçon. Le mur « illustré » était la face extérieure de la spirale ; son dos était tourné vers un centre invisible. Tout le déplacement fut rapide et déroutant : elle eut la sensation d’avoir effectué plusieurs tours dans une spirale assez serrée ; puis le souvenir se coupe brusquement, sans qu’elle puisse le relier à quoi que ce soit d’autre. Aucun autre témoin n’a un souvenir qui y ressemble, même vaguement. On n’a donc aucune preuve pour relier cette scène à l’entrée dans le vaisseau spatial, si ce n’est qu’en hypnose régressive, elle apparaît au bon moment.

Frances dispose désormais d’un souvenir plus circonstancié de la séquence d’entrée, qui correspond globalement à celui de John et de Natasha. En la rapportant ici, l’auteur combine les informations fournies par les trois.

Dès que John arrêta la voiture pour la seconde fois, celle-ci fut entourée d’un brouillard blanc ou d’une brume. Il est probable qu’il s’agissait bien d’une brume réelle, composée de fines gouttelettes d’eau — son apparence et son comportement (tourbillonnant au moindre courant d’air) le suggèrent — mais produite par le vaisseau spatial situé juste au-dessus, sans doute dans le but d’occulter la scène à d’éventuels témoins.

Le vaisseau se trouvait alors très bas au-dessus de leur position ; on ignore s’il reposait effectivement sur son train d’atterrissage tripode, enjambant la route, ou s’il stationnait en lévitation ; dans tous les cas, le centre de la coque inférieure en forme de bol se situait à environ quinze mètres au-dessus de la chaussée.

Bien que les gens de Janos considèrent ces « soucoupes volantes » (comme nous les appelons) comme de « petits » vaisseaux, ils sont en réalité de taille imposante ; celui-ci fut finalement estimé à un diamètre total d’environ cent mètres, la partie centrale la plus creuse de la coque inférieure mesurant à elle seule environ soixante mètres. Il transportait un équipage d’une cinquantaine de personnes.

Si son train tripode enjambait réellement la route, sa taille seule suffirait à le rendre méconnaissable pour un automobiliste de passage ; il pourrait facilement être pris pour un pont autoroutier dans un banc de brouillard, par quiconque ne connaîtrait pas parfaitement les lieux. Natasha a effectivement vu (sur un écran alimenté par une caméra orientée vers le bas) deux voitures passer peu après leur entrée dans le vaisseau ; contrairement à ce qu’elle croyait, il est peu probable que les conducteurs aient été effrayés par l’OVNI. Il est plus vraisemblable qu’ils ne l’aient pas vu du tout, ou qu’ils l’aient perçu simplement comme un pont au milieu d’un nuage.

John sortit de la voiture, laissant les phares en position code et le moteur en marche. À ce moment-là, plusieurs silhouettes humaines indistinctes apparurent dans la brume, encerclant la voiture. Elles portaient des combinaisons argentées qui brillaient là où elles captaient la lumière des phares. On ne voyait que la partie supérieure de leurs corps ; sans doute la brume se déposait-elle plus densément au niveau de la chaussée.

John fit un pas sur la route ; il se souvient que certaines de ces figures s’approchèrent de lui puis le dépassèrent, alors qu’elles entouraient la voiture. (Plus tard, il put se remémorer la scène plus clairement et affirma qu’il y en avait sept en tout.)

Pendant ce temps, Frances avait grimpé par-dessus le siège conducteur et rejoint John sur la route. Voyant l’une des figures argentées s’approcher de la porte arrière droite, elle alla intervenir, pensant que les enfants pourraient être effrayés ; mais la personne en combinaison argentée passa la main par la porte conducteur ouverte, désengagea le verrou de sécurité de la porte arrière et l’ouvrit ; cette personne, aidée de Frances, aida alors Gloria à faire sortir les enfants. Ni John ni Frances ne ressentirent d’inquiétude, et les enfants étaient trop endormis pour être inquiets. Gloria ne se souvient pas de cet épisode.

Les cinq personnes se tenaient maintenant sur la route, à côté de la voiture, garée près d’un talus herbeux. Ils pouvaient voir très distinctement la coque inférieure noire et en forme de bol du vaisseau, suspendu au-dessus d’eux ; mais seulement la partie centrale : les bords extérieurs étaient perdus dans la brume. Ils ne virent pas de train d’atterrissage tripode ; mais s’il était déployé, la brume l’aurait probablement masqué, et toute la zone était assombrie par l’ombre du vaisseau. De l’endroit où ils se trouvaient, aucun feu n’était visible sur la coque — ni les feux de navigation blancs et rouges initiaux, ni l’anneau de lumières colorées de type « sapin de Noël ».

Soudain, un faisceau blanc éclatant, mais non éblouissant, brilla depuis un point situé au centre de la coque supérieure. Il forma une tache circulaire lumineuse d’environ un mètre cinquante de diamètre sur la route devant eux. Bientôt, le faisceau fut ajusté, se déplaçant vers l’arrière jusqu’à les englober tous. À ce moment-là, Frances sentit une sensation de soulèvement, comme si son corps voulait s’élever dans les airs.

Quelques secondes plus tard, ils commencèrent tous à s’élever lentement du sol, debout en position normale, en direction de la coque du vaisseau suspendue au-dessus. Cela leur sembla assez haut. Il n’y avait rien sous leurs pieds ; ils en sont certains. (Les détails de cette ascension ne concordent pas tout à fait avec le récit de « rêve » de John, dans lequel il imaginait une sorte de rampe inclinée, comme un escalator, baignée d’une lumière jaune. Il est possible que John ait, dans son rêve, confondu différentes parties de son expérience réelle ; je ne doute pas que la version de l’ascension donnée ici soit la bonne.)

Juste sous la coque, ils s’arrêtèrent ; Natasha dit qu’ils se tenaient sur une corniche métallique, qui semblait instable. Les autres se souviennent avoir attendu, mais ne sont pas certains de cette corniche ou plate-forme. Il est probable que cette plate-forme, sur laquelle ils attendirent l’ouverture d’une porte — pensée qui était claire dans leur esprit — se trouvait en fait à l’intérieur du sas d’entrée, qu’ils avaient déjà rejoint par l’écoutille extérieure ouverte ; en regardant en bas, ils voyaient encore très clairement la route et la voiture. Natasha rapporte (bien que les autres ne l’aient pas remarqué) qu’elle vit l’une des figures en combinaison argentée passer la main par la porte conducteur ouverte et éteindre le moteur ainsi que les phares. (À noter : ces gestes indiquent une familiarité avec la conception classique d’une voiture ; même le verrou de sécurité de la porte arrière leur était familier.)

Bientôt, ils virent les portes intérieures du sas s’ouvrir au-dessus d’eux ; il s’agissait d’une paire de volets rectangulaires en métal, positionnés horizontalement, qui coulissaient pour laisser une large ouverture rectangulaire d’environ 4,5 mètres sur 3,5. Le mouvement d’ouverture était fluide et assez rapide.

Ils se retrouvèrent bientôt en train de flotter à nouveau, à travers l’ouverture intérieure du sas ; d’une manière ou d’une autre, ils furent déplacés vers l’avant, jusqu’à ce que leurs pieds reposent sur le plancher solide. Frances remarqua, du coin de l’œil, les portes du sas se refermer rapidement derrière eux.

Ils se trouvèrent alors au centre d’une vaste pièce circulaire ; John, qui a l’œil exercé pour les dimensions intérieures, estima plus tard son diamètre à environ 45 mètres ; considérant plusieurs éléments réunis, cette estimation est probablement juste. John pensa d’abord à un hangar d’aviation, ou à un vaste parking couvert à plusieurs niveaux — cette dernière comparaison étant suggérée par les nombreuses colonnes cylindriques montant du sol au plafond.

Le sol était majoritairement plat ; mais vers la périphérie, il se courbait doucement vers le haut, adoptant une forme de bol, suivant manifestement la courbure de la coque extérieure. En réalité, cette grande pièce circulaire, que nous en sommes venus à appeler la « salle des machines », devait occuper presque toute la partie inférieure de la coque du vaisseau, celle qui s’exprime extérieurement par une forme de bol. Il devait bien sûr exister un espace entre le plancher plat et la coque extérieure, sauf sur les bords ; et plus tard, John fut emmené dans ce pont inférieur, dont la partie centrale est occupée par le sas. L’exploration détaillée que John fit du complexe de la salle des machines justifie qu’un chapitre entier lui soit consacré.

Devant eux, à une certaine distance, se trouvait un balcon muni d’une rampe, non pas complètement accolé à la paroi extérieure, mais situé à l’endroit où le sol commençait à se courber vers le haut — les relations spatiales seront mieux comprises à l’aide des divers schémas de la salle des machines.

Une rampe inclinée, elle aussi pourvue d’une rampe de soutien, menait jusqu’au balcon ; la rampe et le balcon formaient un arc de cercle concentrique à la paroi extérieure, mais de rayon plus petit. Un balcon et une rampe similaires se trouvaient à l’exact opposé. Derrière le balcon s’élevait un mur du sol au plafond ; il comportait des ouvertures, à la fois au niveau du balcon et à celui du pont principal. Ainsi, sur deux sections de la circonférence de la salle, ils ne pouvaient pas voir jusqu’au sol incurvé ni jusqu’à la paroi extérieure. Ils n’avaient bien sûr pas saisi tous ces détails immédiatement ; mais la visite guidée ultérieure de John fut très approfondie, et tous retournèrent dans la salle des machines à la fin de la visite.

Un être vêtu d’une combinaison argentée les accueillit à l’écoutille d’entrée, et les accompagna jusqu’au pied de la rampe ; cela sembla représenter une certaine distance. Une fois arrivés à la rampe, la figure leur indiqua qu’ils devaient y monter ; dès qu’ils le firent, la surface de la rampe se mit à avancer, de sorte qu’ils n’eurent pas besoin de marcher (nous disposons de rampes mobiles semblables, par exemple dans les aéroports ; la seule amélioration ici était le démarrage automatique dès qu’une personne montait dessus).

Sur le balcon, les attendaient trois ou quatre autres hommes en combinaison argentée. Frances affirme que leur attitude était exactement celle d’un hôte accueillant des invités dans sa maison. L’un d’eux prononça un court discours de bienvenue, dans un anglais clair et correct, sans aucune trace d’accent étranger, bien que la formulation ne soit pas tout à fait idiomatique :

« Welcome to our ship. Please, you must not be afraid at all. We mean you no harm whatsoever. We are going to examine you first of all, to see if you are the same as us. Then we will answer any questions that you want to ask us; and we will show you over our ship; and when that is finished, we will replace you back in your car, exactly as if you had never stopped. »

« Bienvenue à bord de notre vaisseau. S’il vous plaît, vous ne devez avoir aucune crainte. Nous ne vous voulons aucun mal, absolument aucun. Nous allons d’abord vous examiner, pour voir si vous êtes semblables à nous. Ensuite, nous répondrons à toutes les questions que vous voudrez nous poser ; et nous vous ferons visiter notre vaisseau ; et quand ce sera terminé, nous vous replacerons dans votre voiture, exactement comme si vous ne vous étiez jamais arrêtés. »

Après l’entrée dans le vaisseau, les adultes furent séparés, les enfants restant avec leur mère. Frances fut conduite dans une salle ovoïde, plus étroite devant elle, avec au centre une « chaise de dentiste » noire et des rangées d’instruments le long des murs. Invitée à s’asseoir, elle ressentit aussitôt une forte pression, comme si son poids avait doublé, maintenant aussi sa tête contre le repose-tête — sans attaches visibles, probablement par contrôle de gravité pour l’empêcher de bouger.

Une lumière blanche aveuglante emplit la pièce, la faisant pleurer. Elle s’éteignit soudain, laissant voir des panneaux d’instruments éclairés uniquement par de petits dômes clignotants rouges, verts et blancs, sans ordre apparent. Frances paniqua brièvement, inquiète de ne pas voir John, mais une voix mentale lui dit de rester calme, accompagnée d’un disque blanc lumineux avec deux points bleus évoquant des yeux. Cette image, probablement destinée à rassurer, fit effet ; on lui transmit que John était dans la pièce voisine.

Deux hommes grands et minces, en combinaison argentée, s’affairaient aux instruments, utilisant des tablettes à boutons semblables à de grandes calculatrices. Frances eut l’impression que c’était la chaise qui procédait à l’examen, les techniciens enregistrant les données physiologiques (pouls, respiration, etc.). On lui transmit que ces examens visaient à vérifier leur compatibilité physiologique avec les Terriens, révélant seulement un rythme cardiaque légèrement plus élevé chez les Janosiens à bord, qui se normaliserait sur Terre.

Les panneaux d’instruments étaient disposés en colonnes, entre 60 cm et 1,80 m du sol. Les dômes rouges (≈ 7,5 cm de diamètre) rappelaient la lumière arrière d’une voiture ; les verts (≈ 4,5 cm) étaient d’un vert citron vif ; les blancs de même taille. Plusieurs s’allumaient simultanément, pendant environ deux secondes.

Elle vit l’un des hommes actionner un long levier mécanique fixé près du sol, d’environ 90 cm de long, muni d’une poignée à ressort. Il fallut plier le dos et fléchir les genoux pour le tirer à 45° de sa position initiale, évoquant un levier d’aiguillage ferroviaire. Ce geste, unique durant sa présence, semblait demander un effort physique, surprenant dans une technologie par ailleurs dominée par les boutons-poussoirs.

À un moment, la chaise se transforma en couchette horizontale. Frances, allongée, fut de nouveau aveuglée par un puissant faisceau lumineux dirigé vers ses yeux, perceptible même paupières closes. La lumière s’éteignit ensuite, la pièce replongea dans la pénombre et la chaise reprit sa position assise.

Frances estima que l’examen sur la chaise dura environ vingt minutes. Durant tout ce temps, les deux hommes présents, occupés aux instruments, restèrent concentrés. Elle ne se sentit pas impatiente, mais l’immobilité commençait à l’agacer, lui donnant envie de se lever pour observer leur travail. Elle nota uniquement la perception consciente et régulière des battements de son cœur, sans accélération.

Les deux hommes avaient la peau claire, les yeux bleus, et des cheveux blond-jaune coupés très courts, « coupe militaire américaine », tirés droit vers l’arrière depuis le front. Le visage était rasé de près, sans pilosité apparente hormis cils et sourcils fins et peu visibles. Les pattes étaient droites et nettes, les oreilles normales mais légèrement grandes. Leur stature avoisinait celle de John (1,83 m), avec une carrure mince. Ils portaient une combinaison argentée intégrale, ajustée mais non serrée, sans séparation à la taille, ni casque. Les chaussures noires avaient des semelles blanches très épaisses et spongieuses, se comprimant à chaque pas. L’un arborait un disque blanc sur la poitrine, orné d’un dispositif non décrit. Le col rond comportait une bordure plus épaisse, blanc clair, semblable au fond du disque, ressortant légèrement ; les poignets n’avaient pas de finition particulière.

Quand l’examen fut terminé, l’un d’eux lui dit de se lever et la conduisit à la porte, lui adressant un sourire amical, presque complice. Un autre homme l’accueillit alors : grand (1,88–1,90 m), très large d’épaules, chauve. Son uniforme portait deux bandes blanches partant sous les épaules et descendant en s’effilant jusqu’aux coudes, et une ligne le long de chaque épaule évoquant une fermeture éclair dissimulée. Une ceinture nervurée transversalement, probablement élastique, portait à l’avant un insigne circulaire fixé par une attache argentée sophistiquée.

Il la guida dans un couloir incurvé vers la droite, longeant l’intérieur de la coque. À gauche, des hublots circulaires en verre épais donnaient sur l’obscurité. L’éclairage venait de petits dispositifs circulaires encastrés au plafond, qui s’allumaient automatiquement à leur approche et s’éteignaient derrière eux, signe d’un souci d’économie d’énergie.

Après plusieurs portes, ils arrivèrent devant un homme portant un grand disque blanc uni sur la poitrine, d’environ 14 cm de diamètre, sans ceinture. Frances le reconnut comme l’un de ceux vus sur le balcon lors de leur accueil. Celui-ci la conduisit dans une salle de détente quadrilatérale, dont un long mur incurvé suivait le couloir et le mur opposé était plus fortement arrondi.

L’éclairage y était doux et reposant. Une douzaine de tables circulaires de métal brillant, chacune avec une colonne centrale fixée au sol par une plaque boulonnée, étaient disposées en petits groupes. Les chaises noires, en forme de selle incurvée, épousaient le corps ; certaines adossées au mur avaient aussi un dossier assorti.

Environ vingt personnes étaient présentes, la plupart discutant, certaines buvant dans des gobelets trapus et transparents. Un panneau mural équipé de boutons permettait de se servir ; en dessous, une étagère servait à poser le verre pendant le remplissage.

Frances fut installée à une table près de la porte, face à un grand écran mural, avec son compagnon et deux autres hommes qui restèrent silencieux. Quelques personnes aux tables voisines lui adressèrent des sourires aimables, mais seul l’homme au grand disque blanc engagea la conversation avec elle.

Pièce de repos où Frances a été emmenée par Uxiaulia, disposition globale en haut de la pièce avec tabes et chaises. Position de Frances et Uxiaulia (F et U) sur une table en haut à droite, avec l’écran de visualisation. En bas, détail des chaises fixées au sol, face aux tables où ils sont installés dans cette pièce.
Pièce de repos où Frances a été emmenée par Uxiaulia, disposition globale en haut de la pièce avec tabes et chaises. Position de Frances et Uxiaulia (F et U) sur une table en haut à droite, avec l’écran de visualisation. En bas, détail des chaises fixées au sol, face aux tables où ils sont installés dans cette pièce.

L’HOMME AU grand disque blanc sur la poitrine commença par demander à Frances son nom. Puis il dit : « Mon nom est Uxiaulia » – et il l’épela pour elle ; une suite de lettres apparut dans son esprit visuel, une à une, comme des lettres majuscules noires sur un fond clair, espacées d’un peu moins d’une seconde – UXIAULIA. Il le prononça soigneusement pour elle, la faisant répéter jusqu’à ce qu’elle le dise correctement ; cela se prononce « Youksia-oulia », avec deux accents égaux.

Il dit : « Je suis un pilote explorateur de haut rang ; je viens de Janos » – et là encore, il l’épela pour elle, JANOS, et lui apprit à le prononcer, « Jane-oss », avec l’accent sur la première syllabe. Il encouragea Frances à poser des questions.

Frances demanda : « Où se trouve votre planète ? », et il répondit :

« Plus loin que tu n’as jamais rêvé. »

À la question : « À quelle distance est-elle ? », il répondit :

« Plusieurs milliers d’années-lumière. »

Frances demanda alors depuis combien de temps ils voyageaient, et obtint la réponse surprenante : « Depuis deux de vos années. »

Lorsque j’entendis pour la première fois cette réponse, lors d’une séance hypnotique, j’étais perplexe et déçu ; car un temps de voyage de deux ans placerait Janos à l’intérieur du système solaire, où nous savons très bien qu’il n’y a pas une telle planète.

Puis je me souvins que cela ne serait pas forcément vrai si leur vitesse de déplacement avait été suffisamment proche de celle de la lumière. La théorie de la relativité nous dit que, dans ces conditions, il existe deux façons de mesurer le temps, ou plutôt deux points de vue pour le mesurer : celui externe d’un observateur ne se déplaçant pas à grande vitesse (bien sûr, rien dans l’univers n’est vraiment immobile ; mais par rapport à un vaisseau stellaire rapide, un observateur assis sur une planète ne bouge pas très vite), ou celui interne ou subjectif d’un observateur à bord du vaisseau.

À vitesse modérée, le temps s’écoule à peu près comme pour nous ; mais si l’on voyage à une vitesse proche de celle de la lumière, son propre temps subjectif ralentit beaucoup ; si l’on pouvait accomplir l’impossible et égaler la vitesse de la lumière, le temps subjectif s’arrêterait complètement. Il y a toujours un léger ralentissement du temps pour tout corps en mouvement ; et tous les corps astronomiques sont toujours en mouvement, donc personne n’a jamais le « bon » temps – il est toujours un peu ralenti. Mais ce n’est que lorsque les vitesses approchent celle de la lumière que la différence devient perceptible. Si un vaisseau peut voyager vraiment près de la vitesse de la lumière, la différence de rythme d’écoulement du temps peut devenir grande ; si bien que, comme dans l’exemple donné par les gens de Janos, un voyage qui, selon les horloges et calendriers de Janos ou de la Terre, prend plusieurs milliers d’années, pourrait n’avoir duré que deux années terrestres, d’après les horloges à l’intérieur du vaisseau. Tout à l’intérieur fonctionnerait selon le temps du vaisseau, y compris les processus vitaux ; les passagers termineraient le voyage seulement deux ans plus âgés qu’au départ, bien que des millénaires se soient écoulés selon le temps des planètes.

Les gens de Janos aiment plaisanter ; aussi est-ce peut-être avec une lueur dans les yeux qu’Uxiaulia posa maintenant une question à Frances : « Quel âge me donnes-tu ? »

Frances, surprise, répondit : « Oh, je dirais une trentaine d’années » – en se fiant à son apparence et sa condition physique, bien qu’il semble que les gens de Janos conservent de toute façon leur jeunesse plus longtemps que nous, même si nous avons beaucoup progressé en ce sens depuis quelques siècles.

Uxiaulia rit à cela, et dit : « Je suis en réalité un très vieil homme. Nous sommes tous très vieux, car nous avons voyagé très loin » – il insista sur le mot « très ». Mais il expliqua qu’ils n’avaient vieilli que de deux années terrestres pendant le voyage ; ainsi, bien que les événements qui les avaient chassés de Janos soient arrivés il y a des milliers d’années, cela ne leur semblait pas si ancien.

Uxiaulia dit qu’il allait montrer à Frances un film pour lui expliquer ce qui s’était passé ; pourquoi ils avaient dû quitter Janos : il désigna l’écran devant elle. L’éclairage tamisé permettait de bien voir les images : trop bien, même, avec le réalisme cristallin caractéristique de la technologie d’affichage de Janos.

Alors que Frances revivait le film sous régression hypnotique, sa détresse était très visible, pour moi comme pour l’hypnotiseur. Je pense qu’il ne fait aucun doute que, bien que Frances ait elle-même été profondément affectée par ce qu’elle voyait – car elle est une personne douée d’une réelle compassion – elle ressentait aussi la détresse plus personnelle d’Uxiaulia, par une sorte de lien mental.

Afin que le lecteur comprenne à quel point cette histoire terrible a frappé Frances, je vais citer directement un extrait de la transcription de la séance hypnotique du 5 mars 1979. Frances est en transe profonde : Geoff M’Cartney, l’hypnotiseur, l’a ramenée exactement au moment où Uxiaulia met le film en marche, alors qu’il est assis à table avec Frances dans la pièce ressemblant à un café, à bord du vaisseau.

GEOFF : Où es-tu, Frances ? Que se passe-t-il ?

FRANCES : [avec détresse] Je regarde un écran… des gens…

GEOFF : Peux-tu me les décrire ? Qu’est-ce qui te dérange ?

FRANCES : [très angoissée, respiration haletante] Ils sont malades.

GEOFF : Qu’est-ce qui ne va pas ? Peux-tu me le dire ?

FRANCES : Ils ressemblent à des gens d’Oxfam. [Je pense qu’elle se souvient d’une image de lépreux à un stade avancé de la maladie. Ce qu’elle voit dans le film est la partie où les habitants de Janos meurent lentement de la maladie des radiations.]

GEOFF : Où sont-ils ? Quel est le décor autour d’eux ?

FRANCES : [toujours très bouleversée] Il a dit : « Mon peuple… mon peuple… mon peuple… ils meurent… » Quelque chose leur est tombé dessus. Depuis le ciel. Leurs maisons brûlent. Les gens crient. Rochers… météorites. De la poussière. La poussière les a rendus malades : c’est de la radiation. Ils ont dû les abandonner parce qu’ils étaient trop malades. Je ne sais pas… des ruines… [long silence]

GEOFF : Que se passe-t-il ?

FRANCES : [plus calmement] Nous nous disputions. Je disais qu’ils devaient rester et les aider. Ils disaient que c’était le seul moyen pour eux de survivre. Je disais qu’ils devaient les aider. Ils disaient qu’ils devaient vivre pour que ça n’arrive plus jamais. Il a dit qu’ils étaient tous morts maintenant ; qu’ils ne souffraient plus. J’ai dit que j’aurais préféré mourir avec eux. Il a dit : « Tout le monde ne voit pas les choses ainsi ; nous devions survivre, pour que cela ne se reproduise pas. »

En fait, Frances était dans l’erreur : elle pensait au départ qu’ils avaient abandonné les malades à leur sort ; alors que, comme elle l’apprit lors d’une régression ultérieure, en revivant l’expérience une seconde fois, ils avaient tout fait pour aider les malades, sans toutefois s’exposer eux-mêmes à la contamination ; et la flotte ne quitta son orbite autour de Janos qu’une fois le dernier des irradiés décédé.

La référence aux « météorites » nécessite aussi une explication. Uxiaulia, en essayant d’expliquer à Frances la chute des rochers, les appela d’abord « blocs » ; puis, sentant que cela ne suffisait pas, il sembla chercher dans son esprit un mot plus fort que Frances pourrait comprendre : « météorites ». Mais Frances comprit qu’il ne s’agissait pas réellement de météorites – ce mot n’était utilisé que comme image. En réalité, il est peu probable que ce furent des météorites : à cause de leur haute vitesse, une météorite « grosse comme une maison » exploserait à l’impact avec une violence énorme, créant un cratère de plusieurs kilomètres de large ; alors que ces rochers tombaient simplement et rebondissaient, laissant une surface terrestre densément recouverte de pierres de toutes tailles, empilées les unes sur les autres, sans le moindre cratère. Cela fut clairement montré dans un film vu par John.

FRANCES : [continuant] Ils ont une nourriture spéciale déshydratée. Ils doivent la mélanger à du liquide. Ils ont un vaisseau entier rempli de ça. Il leur en reste beaucoup. [Frances avait l’impression, comme elle l’expliqua plus tard, qu’ils tenaient à ce que nous ne croyions pas qu’ils manquaient de provisions ; leur besoin est celui d’une planète où vivre. Hélas, il semble que la flotte migrante ait été approvisionnée pour un nombre de personnes bien plus élevé que celui qui a réellement quitté Janos ; ils ont donc un surplus, et les grands vaisseaux ne sont pas aussi pleins qu’ils étaient censés l’être.]

GEOFF : Pourquoi voyagent-ils ? Pourquoi es-tu à bord ?

FRANCES : Ils voulaient voir quel genre de gens nous sommes. Voir s’ils pourraient vivre ici. Ils ne peuvent pas retourner en arrière…

GEOFF : Que vois-tu d’autre sur l’écran ?

FRANCES : Nous ne regardons plus l’écran ; cela m’a trop bouleversée, alors il l’a éteint.

GEOFF : Que te raconte-t-il ?

FRANCES : Il m’a raconté ce qui s’est passé : ils sont partis ; ils ont besoin d’un endroit où vivre ; ils ne peuvent pas flotter éternellement dans l’espace. Ils veulent venir ici ; mais ils ne veulent pas causer de problèmes. Ils ont parlé avec différentes personnes pour voir à quoi ressemblent les gens ordinaires. Ils voulaient voir si nous sommes médicalement les mêmes qu’eux. Il semble qu’il y ait très peu de différences. Ils veulent venir vivre ici ; mais ils essaient de s’assurer qu’ils peuvent le faire sans déclencher de guerre. Ils ont dit qu’il ne peut pas y avoir de guerre ; ils ont eu trop de malheurs. Ils préféreraient mourir plutôt que de provoquer une guerre.

GEOFF : Pourquoi pensent-ils que cela pourrait provoquer une guerre ?

FRANCES : Parce que les gens veulent utiliser leurs connaissances pour contrôler les autres. [Cela semble résumer justement la motivation rapportée des dirigeants militaires américains et russes à propos des informations sur les OVNIs.]

GEOFF : Ont-ils dit où ils allaient rester, ou ce qu’ils allaient faire ?

FRANCES : Ils pensent qu’ils pourraient venir maintenant en très petits groupes ; mais ils veulent rester ensemble. Ils sont assez nombreux pour remplir une de nos grandes villes.

GEOFF : Est-ce un groupe d’éclaireurs ?

FRANCES : Ce sont des personnes qui ont été choisies pour établir les premiers contacts.

GEOFF : Sais-tu où sont les autres vaisseaux ?

FRANCES : Dans l’espace, en attente.

Après avoir évoqué avec émotion la catastrophe qui avait frappé Janos, Uxiaulia montra à Frances des films plus heureux, illustrant la vie avant le drame. L’une des séquences montrait une fête au bord d’un lac, au crépuscule, autour d’un barbecue. Il lui présenta aussi une photo de sa femme et de ses deux enfants devant leur maison, tous trois tués lorsque des rochers s’étaient effondrés sur leur habitation en son absence.

Ils restèrent longtemps à visionner et commenter ces images, une part importante du récit sur l’histoire de Janos provenant de cette conversation. À un moment, Uxiaulia proposa à Frances une visite du vaisseau et commença à lui expliquer leur méthode de stockage d’énergie à la base du navire, Frances soulignant sous hypnose le terme « électricité statique ». Elle refusa la visite, préférant continuer à parler. Elle s’inquiéta pour la batterie de sa voiture laissée phares allumés, mais Uxiaulia la rassura, confirmant qu’ils avaient éteint les feux, ce qui concordait avec l’observation d’une autre témoin.

La scène du barbecue montrait, dans une lumière douce venue à la fois du ciel et de guirlandes électriques fixées aux branches d’arbres sans tronc — leurs branches charnues portant de gros fruits jaunes comparés à des melons —, un groupe de personnes partageant un repas. Le barbecue, une boîte métallique sombre d’un mètre de haut, ne dégageait aucune fumée. De longues brochettes de viande sombre, « obtenue dans les rivières », cuisaient dessus, arrosées d’un liquide huileux par un homme en maillot de bain.

Autour, des couples et groupes assis à même le sol mangeaient avec les doigts, tandis que d’autres déambulaient. Des fruits jaunes ovoïdes étaient disposés dans un large plat métallique, très appréciés des convives. Les hommes portaient soit un maillot de bain, soit un survêtement coloré avec bandes latérales. Les femmes portaient toutes de longues jupes vaporeuses, blanches ou légèrement colorées par des motifs floraux abstraits, avec un corsage uni à manches longues et col rond. Les jupes étaient drapées sur le côté gauche, fixées par une agrafe métallique assortie au motif. Une femme, vêtue de noir et blanc et coiffée d’un couvre-chef noir, se distinguait, laissant supposer un éventuel deuil.

En arrière-plan, deux petits bateaux motorisés de 5,5 à 6 m, au profil rappelant des voitures de sport, naviguaient sur le lac. Leur proue plongeait dans l’eau tandis que l’arrière était soulevé, laissant l’hélice apparente. Chacun arborait, près de la proue, un court mât avec un fanion triangulaire bleu foncé portant un disque blanc orné d’un symbole en boucle avec un point au-dessus.

L’ensemble des images, d’une netteté et d’un réalisme saisissants, donnait à Frances l’impression d’être réellement sur les lieux.

Bateau de plaisance sur Janos en haut, et fanions de Janos vus sur les bateaux en bas.
Bateau de plaisance sur Janos en haut, et fanions de Janos vus sur les bateaux en bas.

Les deux bateaux sur le lac arboraient chacun un fanion triangulaire bleu foncé orné d’un disque blanc avec un symbole en boucle et point. La seule différence était dans la forme de l’extrémité : celui du bateau le plus proche se terminait en pointe simple, tandis que celui du bateau plus éloigné se terminait en queue-de-poisson à double pointe. Tous deux claquaient vivement au vent créé par la vitesse.

Le bateau le plus proche avait une coque peinte en bleu pâle, tandis que le plus éloigné arborait un rouge vif. L’intérieur de la section centrale ouverte, où se trouvaient les passagers, était blanc. Sur le bateau bleu pâle, les deux occupants portaient un survêtement rouge sur le haut du corps. Une femme, placée à l’avant, semblait aux commandes, et un homme était assis derrière en passager. Sur Janos, la distinction hommes/femmes était évidente même en tenue identique : les femmes portaient les cheveux mi-longs en coupe page-boy (observée aussi sur certaines femmes du vaisseau, hors casque), tandis que les hommes avaient les cheveux très courts, soigneusement taillés.

Toute la scène au bord du lac exprimait une atmosphère de joie et de détente, chacun semblant profiter pleinement du moment.

Frances releva aussi des détails vestimentaires à partir d’une photo fixe montrée sur le même écran que les films. Cette image représentait la jeune épouse et les enfants de Uxiaulia devant leur maison, avant la catastrophe. La petite fille, environ cinq ans, portait une salopette rouge par-dessus un pull blanc à manches longues et col rond montant. Les bretelles étaient fixées à l’avant par un bouton ou une boucle circulaire blanche. Ses cheveux, blond paille et bouclés, étaient laissés libres, à l’exception de deux mèches latérales retenues chacune par une barrette circulaire rouge, formant deux touffes ressortant de part et d’autre de la tête.

Style de vêtements domestiques et de coiffure des jeunes femmes et des enfants de Janos.
Style de vêtements domestiques et de coiffure des jeunes femmes et des enfants de Janos.

Le petit garçon, d’environ trois ans, portait une tenue identique à celle de sa sœur, mais avec une salopette bleu pâle. Les deux enfants avaient des chaussures blanches fermées, couvrant entièrement le pied, sans que Frances puisse en distinguer le système de fermeture. Leur mère, présentée par Uxiaulia comme Vurna (23 ans), portait elle aussi une salopette rouge sur un pull blanc, mais avec des manches courtes s’arrêtant au-dessus du coude et des chaussures rouges. Ses cheveux clairs, coupés au niveau du menton, étaient recourbés vers l’intérieur.

La maison visible sur la photo était simple : plan rectangulaire symétrique, toit à deux pans, façade avec une porte centrale et une fenêtre de chaque côté, ces fenêtres bombées vers l’extérieur et faites d’une seule plaque transparente. Les murs étaient recouverts de planches horizontales peintes en blanc. Le mur latéral, aveugle, portait un pignon orné de sculptures en renfoncement, avec un bouton décoratif au sommet. Le toit était couvert de tuiles carrées grises posées à plat, sans chevauchement, et sans cheminée.

Une petite clôture blanche entourait un jardin sablonneux où poussaient quelques touffes de feuillage vert sombre et un unique arbuste fleuri rouge et rose. Frances nota l’absence d’arrière-plan visible, ce qui renforçait l’idée que la maison se trouvait près du site du barbecue filmé. Elle pensa qu’il pouvait s’agir d’une simple cabane de plage, mais rien ne le prouvait.

Frances observa que, malgré leur technologie avancée, les Janosiens privilégiaient des couleurs sobres et des vêtements simples et pratiques, sauf lors des occasions sociales. Ils ne semblaient pas rechercher le luxe, et le maquillage, limité à foncer les cils, restait rare.

À la question de Frances sur les animaux de compagnie, Uxiaulia répondit qu’ils n’en gardaient pas à l’intérieur, trouvant l’idée étrange, et qu’ils mangeaient un peu de viande mais surtout des produits végétaux.

Dans un autre extrait du film, Frances vit depuis une colline une vallée couverte de maisons semblables à celle de la photo, sans routes visibles, ce qui concordait avec l’usage de véhicules flottant au-dessus du sol.

La conversation dura environ une demi-heure, interrompue par l’arrivée d’une femme aux cheveux libres coupés au niveau des épaules, coiffure courante chez les femmes de Janos. En plaisantant, elle et Uxiaulia comparèrent les Terriens à de « l’histoire vivante ».

Uxiaulia annonça ensuite qu’ils devaient déplacer le vaisseau, car une voiture approchait, ce qui était inattendu dans ce secteur isolé. Frances fut alors escortée par un grand homme. Pendant le décollage, elle perdit l’équilibre à cause de l’absence de gravité temporaire, l’homme la stabilisant en la tenant par l’épaule et la hanche. Elle sentit le grondement des générateurs et l’élévation du vaisseau, avant que la gravité ne soit rétablie.

Ils arrivèrent dans une salle où Gloria et les enfants attendaient. La pièce, incurvée, comportait au centre un cylindre lumineux montant du sol au plafond, servant d’ascenseur selon un principe inconnu. Des tables fixées au sol, certaines avec panneaux de boutons, étaient occupées par des personnes semblant saisir des données. Un écran mural montrait un motif de lignes lumineuses, semblable à un indicateur d’altitude vu par John dans la salle des machines.

Pendant que Frances, Gloria, Natasha et Tanya attendent que John réapparaisse, nous allons revenir en arrière et reprendre son histoire, à partir du moment où il fut emmené pour son examen médical.

Quand la famille se sépara après le discours de bienvenue depuis le balcon, John fut conduit dans un court couloir jusqu’à une salle d’examen, semblable dans sa disposition fonctionnelle à celle où Frances avait été emmenée, mais différente dans sa forme et ses détails. L’officier qui l’accompagnait était le même que celui qui lui fit plus tard visiter le vaisseau, et il s’agit presque certainement de celui qui avait prononcé le discours de bienvenue.

Il dit à John que son nom était Anouxia (prononcé « Anno-Youksia ») ; il épela son nom pour John de la même manière qu’Uxiaulia l’avait fait pour Frances, par une série de lettres vues dans l’esprit. Anouxia occupe clairement un rang de responsabilité ; et nous serions enclins à l’appeler « Capitaine » : mais Uxiaulia avait dit à Frances que personne n’était entièrement en charge du vaisseau, qui était en grande partie dirigé par un ordinateur.

Anouxia laissa John dans la salle médicale, lui disant d’attendre que quelqu’un vienne procéder à son examen ; en réalité, John resta seul dans la pièce pendant plusieurs minutes, et occupa naturellement ce temps à rôder et à observer attentivement son environnement.

La forme de la pièce, telle qu’il la décrit, est particulière : l’élément central est un « fauteuil de dentiste » à revêtement noir, semblable à celui utilisé pour Frances ; mais les murs sont disposés comme le montre le plan.

Plan de la salle d’examen de John.
Plan de la salle d’examen de John.

La pièce où se trouve John possède deux accès : l’un derrière le fauteuil par lequel il est entré, et un autre, légèrement décalé à droite de la personne assise face à lui. Ce second passage, incurvé vers la droite, présente des hublots circulaires d’environ 30 cm de diamètre sur son côté gauche.

Face au fauteuil, à environ six mètres, un panneau d’instruments fixé sur le mur droit occupe une zone allant de la hauteur de la tête à celle d’une table. Il mesure environ 1,5 à 2 mètres de large et dépasse légèrement du mur. Devant lui, un bureau de mêmes dimensions, parallèle au panneau, est séparé de celui-ci par un espace suffisant pour deux personnes, le sol y étant surélevé par une marche formant une estrade. Le plateau incliné du bureau, orienté vers le panneau, est couvert de commandes semblables à celles du panneau mural : boutons, interrupteurs, jauges et dômes lumineux colorés. La face verticale tournée vers le fauteuil est dépourvue d’instruments.

Deux personnes en combinaison argentée entrèrent, mesurant environ 1,60 m, de corpulence fine et à la taille étroite. John comprit ensuite qu’il s’agissait de jeunes femmes, à la peau très claire et lisse. Leur combinaison intégrale, prolongeant un casque type « passe-montagne », recouvrait les oreilles d’une membrane argentée moulée en forme d’oreille, donnant l’impression d’oreilles légèrement agrandies.

L’une, silencieuse, alla directement au bureau et manipula les commandes, adressant seulement un sourire à John. L’autre, qui s’occupa de lui, se révéla « très séduisante » et à la voix de contralto. Elle connaissait déjà son nom et l’invita à prononcer le sien et celui de sa collègue, provoquant des rires face à ses approximations. Les noms furent compris comme Serkilias (accent sur la 2e syllabe) et Cosentia (même accentuation).

Serkilias demanda à John de s’asseoir pour un examen visant à comparer leurs similarités physiques, dans le cadre de leur projet d’adaptation à la Terre. Elle retroussa ses manches pour exposer ses poignets, les positionnant avec précision sur les accoudoirs, puis les fixa avec des bandes souples de 10 à 12 cm, fermement mais sans serrer. Sa main gauche était posée paume vers le bas, la droite tournée paume vers la droite, pouce en bas, presque douloureusement, probablement pour assurer un contact optimal avec des électrodes intégrées.

Ses jambes, genoux et chevilles, furent également immobilisées, mais sans la même attention que ses poignets. L’objectif semblait être de l’empêcher de bouger plutôt que de le contraindre fortement. John, bien qu’inexpérimenté à l’époque en matière d’hypnose, reconnaît aujourd’hui que cette situation aurait facilité un état hypnotique.

John, dans la chaise d’examen avec la femme de Janos s’occupant de l’organiser et sa combinaison couvrant même les oreilles.
John, dans la chaise d’examen avec la femme de Janos s’occupant de l’organiser et sa combinaison couvrant même les oreilles.

John, assis dans le fauteuil d’examen, est pris en charge par la femme de Janos, sa combinaison argentée couvrant même les oreilles. Il pense aujourd’hui avoir été sous contrôle hypnotique pendant toute la durée de l’examen médical. Ses souvenirs de cette phase sont flous et fragmentaires : il se souvient de certains détails précis, mais reconnaît qu’à plusieurs moments il ne comprenait pas pleinement ce qui se passait. Malgré des manipulations parfois désagréables, il ne manifesta aucune volonté de résistance, ce qu’il attribue au contrôle hypnotique, estimant qu’en temps normal il n’aurait pas accepté de se soumettre aussi passivement.

L’hypnotiseur qui l’a interrogé par la suite suggéra qu’il avait été placé sous hypnose au moyen d’un dispositif visuel activé dès qu’il fut correctement installé dans le fauteuil. Si cette hypothèse est exacte, tout son récit — reconstitué à la fois sous régression hypnotique et en mémoire consciente — doit être lu en tenant compte de cet état de stupeur, qui aurait perduré durant tout l’examen.

Malgré cet état, il observa certains détails très nets, comme le motif d’un insigne porté à la ceinture d’un membre d’équipage, qu’il vit de près lorsque Serkilias se pencha vers lui pour régler le fauteuil.

Sous hypnose régressive, il décrivit le passage soudain d’un état d’inconfort dans une pièce vivement éclairée à une obscurité presque totale, avec en face de lui un champ circulaire d’un noir profond, de la taille d’une grande assiette, très proche de son visage. Ce disque, qu’il appela un « rayon noir », se détachait nettement, ce qui laisse penser que la pièce n’était pas totalement plongée dans le noir.

Dans ce champ noir apparurent d’abord plusieurs lignes horizontales jaune vif, ondulées comme un tracé d’oscilloscope. Les ondes, courtes (trois ou quatre crêtes), défilaient lentement de gauche à droite, tout en descendant, remplacées par de nouvelles lignes apparaissant en haut. Plus tard, certaines se relièrent en formant de longues lignes à nombreuses crêtes.

Pendant cette phase, des observateurs présents dans le cabinet d’hypnose remarquèrent que John semblait gêné : il plissait les yeux comme face à une lumière éblouissante et déclara que ses yeux le faisaient souffrir.

Après environ une minute, l’image changea brutalement : deux fines ellipses jaune vif sur fond noir, croisées à angle droit, apparurent et commencèrent à pulser en se contractant puis en se dilatant rapidement. Les deux se réduisaient simultanément en petits cercles concentriques de rayons légèrement différents, puis, en phase d’expansion, échangeaient leur orientation : celle initialement horizontale s’étendait verticalement, et celle initialement verticale devenait horizontale. Ce cycle se répétait à une fréquence précise, 210 permutations par minute, les deux ellipses paraissant identiques mais perçues distinctement par John grâce à cet échange rythmique.

Premier motif observé par John avec des lignes et des crêtes, puis deuxième motif avec des ellipses oscillantes.
Premier motif observé par John avec des lignes et des crêtes, puis deuxième motif avec des ellipses oscillantes.

La deuxième séquence d’images projetées devant John, composée des deux ellipses jaunes pulsantes, lui causa une gêne beaucoup plus intense que la précédente. Il ne ressentit pas seulement une douleur aux yeux, mais une brûlure profonde derrière les globes oculaires, accompagnée d’un étourdissement prononcé et de la sensation qu’il allait perdre connaissance. Il pense même avoir eu un bref évanouissement.

L’observateur déduit que ce « champ circulaire noir » avec tracés jaunes était très probablement un oscilloscope, et que les motifs décrits par John correspondaient à des signaux de tension et de fréquence variables. L’appareil, un cylindre d’environ 30 cm de diamètre, avait été placé très près de son visage dès l’extinction des lumières. À la fin du traitement, malgré son état semi-conscient, il distingua un dernier instant la masse circulaire de l’instrument se rétracter vers le plafond, suspendue à un bras articulé, avant que l’éclairage de la pièce ne revienne.

Plus tard, John expliqua que la transition vers ce deuxième affichage lui avait provoqué une sensation identique à celle précédant un évanouissement : une perte de contrôle inévitable, comme si tout son corps se vidait de force. Il tenta de lutter contre cette impression, conscient que s’il « lâchait prise », il perdrait connaissance, mais la sensation l’envahit et il eut finalement l’impression de flotter.

On lui accorda ensuite une courte pause pour récupérer, et probablement un effet apaisant fut appliqué, car il rapporta sous hypnose qu’il se sentait « simplement paisible », malgré une douleur résiduelle aux yeux.

Lors de la séance de récapitulation avec Frank Johnson, quelques jours après la régression, John confirma qu’il avait ressenti ce flottement, mais bien plus intensément que lors de précédentes expériences hypnotiques. Il expliqua qu’il n’avait plus de notion de haut ou de bas, tout en sentant encore son corps appuyé contre le fauteuil. Quand les lumières s’éteignirent, une personne s’approcha et il put distinguer nettement l’insigne à sa ceinture ; puis il sentit son dos peser lourdement contre le siège, ses jambes tirant vers le bas, comme si le fauteuil s’était incliné.

Il confirma que le siège avait effectivement basculé vers l’arrière, presque comme un lit de dentiste, et que ses jambes, initialement pliées, s’étaient allongées tout en étant pressées vers le bas. Le passage de l’apesanteur à la pression coïncida avec cet ajustement du fauteuil. Il fut ensuite tourné sur le côté droit, puis remis sur le dos avant de revenir en position assise, ses jambes se redescendant progressivement.

John précisa que la forte lumière jaune provenait d’un projecteur circulaire suspendu juste au-dessus de lui, semblable à celui d’un dentiste mais d’une intensité éclatante, passant parfois du jaune au bleu. D’autres zones de la pièce étaient éclairées par une lumière blanche, notamment autour des instruments, indiquant la présence de plusieurs sources lumineuses. Le projecteur principal restait focalisé sur la zone du fauteuil.

Illustration fictive de John sur le siège inclinable avec les deux femmes de Janos en train de l'examiner.
Illustration fictive de John sur le siège inclinable avec les deux femmes de Janos en train de l'examiner.

John dit qu’il avait, à un moment donné, observé de près l’insigne porté à la ceinture par Serkilias. Il s’agissait d’un disque circulaire, légèrement plus large que la ceinture, d’environ huit centimètres de diamètre : le dessin représentait un disque blanc portant une représentation stylisée d’un vaisseau « soucoupe volante » comme celui dans lequel ils se trouvaient, vu de profil ; du centre de la face inférieure, des lignes représentant les limites d’un faisceau légèrement divergent s’étendaient vers le bas jusqu’au bord du disque. Le dessin était tracé en lignes noires. Autour du disque blanc se trouvait une zone annulaire noire étroite, d’environ un centimètre de large ; elle portait un certain nombre de courtes lignes droites argentées, disposées à des angles variés, formant une sorte de motif tout autour. John dit que ce n’était pas assez régulier pour constituer un véritable motif ; il avait l’impression qu’il s’agissait d’une écriture, que cela signifiait quelque chose.

Insigne porté à la ceinture par les membres de l’équipage du vaisseau spatial
Bien que le dispositif central représentant le vaisseau spatial soit exact, l’inscription périphérique ne doit être considérée que comme une impression générale de style, et non comme une copie exacte.

Il était encore dans un état un peu confus lorsque Serkilias vint lui dire que son examen était terminé. Elle dut le lui répéter plusieurs fois avant qu’il ne comprenne ; finalement, elle sourit quand John réagit, montrant qu’il avait compris ce qu’elle disait ; elle répéta : « Ton examen est terminé, John ».

Serkilias lui fit comprendre qu’ils devaient attendre quelqu’un qui viendrait le chercher. Pendant qu’ils attendaient, elle expliqua qui elle était, ainsi que sa collègue : « Nous faisons les examens médicaux ; c’est notre travail ». En disant « examens médicaux », elle toucha un bandeau jaune sur son épaule – l’autre fille en portait un aussi – peut-être s’agissait-il d’un insigne de fonction. Elle l’aida à se lever ; au début, il était un peu chancelant sur ses jambes.

Il essaya de poser des questions à Serkilias sur qui ils étaient, ce qu’ils faisaient, et pourquoi ils voulaient l’examiner : mais elle esquiva habilement toutes les questions d’ordre général, disant que l’homme qui allait venir lui expliquerait tout. Elle répéta : « L’examen sert à voir si nous pouvons nous adapter ».

Pendant qu’ils parlaient, Serkilias s’avança dans la pièce vers le pupitre ; Cosentia se trouvait déjà derrière. En parcourant les trois mètres qui les séparaient, John la suivit pour continuer la conversation. Ce faisant, il remarqua qu’elle tenait dans la main gauche une boîte métallique carrée et plate, argentée, d’environ treize centimètres de côté sur deux ou trois centimètres d’épaisseur, avec des coins arrondis. Alors qu’elle disait « pour voir si nous pouvons nous adapter », elle contournait l’extrémité gauche du pupitre, de sorte que son côté droit était tourné vers lui, et sa vue sur la boîte était partiellement obstruée ; mais il vit qu’elle l’insérait dans une sorte de fente située sur la face du panneau d’instruments, à la hauteur du plateau, mais dans le panneau mural, pas dans le pupitre lui-même. Il se trouvait alors du côté intérieur de la pièce, devant le pupitre.

John eut un sentiment désagréable ; il dit quelque chose comme « Qu’est-ce que vous avez fait ? » en désignant la boîte.

Serkilias répondit : « Des échantillons. Ils vont être analysés. Nous avons pris des échantillons de sang ».

Or, John a, par hasard, une aversion particulière pour les prises de sang ; rien que l’idée le fait passer du chaud au froid et lui donne une sensation très désagréable. Il ressentait cela très fortement maintenant. Il dit que les deux filles comprirent qu’il était inquiet et troublé, et elles souriaient et riaient gentiment, de manière rassurante, pour lui faire comprendre que tout allait bien, qu’il ne devait pas s’en faire.

Bientôt, l’homme qu’ils attendaient entra : c’était Anouxia, celui qui l’avait conduit dans la salle médicale. John remarqua alors qu’au lieu d’un insigne à la ceinture, Anouxia portait sur la poitrine un disque blanc absolument uni, d’environ quatorze centimètres de diamètre, sans aucun marquage visible. (Uxiaulia, qui avait parlé avec Frances, portait un disque similaire.) C’était un homme de la taille et de la corpulence de John – John mesure un mètre quatre-vingt-trois, et est mince – et il ne portait pas de casque ; ses cheveux étaient clairs et très courts. Il avait les yeux bleus, comme tous les gens du vaisseau.

Anouxia parla d’abord avec les deux techniciennes médicales dans leur langue ; cela paraissait rapide à John, comme c’est souvent le cas lorsqu’on entend parler des étrangers. Ils jetaient de temps à autre un regard vers lui, et semblaient discuter de son cas.

Finalement, Anouxia s’approcha de John, qui s’était écarté. Il lui dit qu’il allait lui faire visiter le vaisseau et répondre à ses questions.

John fit ses adieux aux deux femmes, qui lui sourirent en guise d’au revoir ; et il suivit Anouxia dans un couloir, qui était plutôt sombre ; il y avait juste assez de lumière pour voir. Il remarqua que le couloir tournait lentement vers la gauche à mesure qu’ils marchaient : dans le mur de droite, ils passèrent de temps à autre devant un hublot circulaire en verre épais ; John ne vit que de l’obscurité à travers ces hublots.

Bientôt, l’homme s’arrêta devant lui, dans un espace totalement obscur ; John faillit le heurter, mais il parvint à distinguer une faible lueur argentée sur ses épaules.

Il se demandait justement pourquoi l’homme s’était arrêté, lorsqu’il se sentit flotter lentement vers le bas : c’était comme être dans un ascenseur, dit-il, mais beaucoup plus doux, et silencieux. Bien qu’il ne pût rien voir autour de lui, il avait la sensation que l’espace était circulaire ; peut-être y avait-il une très faible lumière, car il distinguait vaguement son compagnon.

Ici, la suite de la visite a été mise dans l’Extrait 1 sur le fonctionnement du vaisseau spatial, à retrouver donc là-bas, pour revenir ici ensuite à la suite du récit.

Anouxia conduisit John vers l’ascenseur, qui les fit flotter vers le haut jusqu’à une vaste salle circulaire tapissée de panneaux d’instruments et de consoles. Au centre se trouvait un grand bureau en forme de fer à cheval (90 cm de haut, 75 cm de large, diamètre intérieur 2,80 m) avec deux chaises opposées au centre et d’autres autour, certaines occupées par des personnes en combinaison argentée.

Anouxia prit place au centre du côté concave et invita John à s’asseoir face à lui. La moitié droite du bureau était saturée de commandes, boutons, interrupteurs et petites lumières colorées, tandis que la moitié gauche était lisse, noire et nue. En désignant l’ensemble, Anouxia expliqua : « C’est pour la navigation ». Les Janosiens, dans leur traduction anglaise, utilisent une terminologie maritime : ils parlent de « navire » plutôt que de « vaisseau spatial ».

John, dont la mémoire auditive restait fragmentaire, ne saisit pas tout le fonctionnement que lui montra Anouxia, lequel manipulait les commandes et rallumait des voyants. Il eut l’impression qu’Anouxia répéta la démonstration en constatant son manque de compréhension. La complexité technique et d’éventuels principes scientifiques inconnus rendaient l’explication difficile à saisir, même pour un scientifique terrien.

John demanda : « D’où venez-vous ? » Anouxia répondit : « Je vais vous montrer », et activa la moitié lisse du bureau. Une zone rectangulaire s’illumina, formant un écran horizontal, éventuellement doublé d’un second. D’abord bleu uniforme, il montra progressivement diverses planètes.

Sous hypnose, John décrivit une grande sphère brune dorée (15 cm sur l’écran), puis la Terre vue de l’espace, reconnaissable à l’Afrique. Les images ne montraient aucun nuage, peut-être grâce à une technologie filtrant l’atmosphère pour rendre la surface nette, utile à l’exploration. Suivirent la Lune, une planète brunâtre tachetée (probablement Mars), puis d’autres mondes inconnus, souvent brun doré. Il observa aussi une grande planète brune en croissant, éclairée sur un bord.

Il vit ensuite le bord d’une planète proche avec un petit corps céleste au loin, l’effet 3D de l’écran donnant une sensation intense de profondeur et de présence réelle, comme s’il flottait dans l’espace. Puis apparut une immense planète rouge rosée aux taches floues plus foncées, que la caméra semblait survoler en demi-orbite. Sa taille et son aspect laissaient penser à une géante rouge.

Toutes les planètes apparaissaient soudain sur l’écran, dérivaient lentement vers la droite en rétrécissant, comme si c’était l’observateur qui se déplaçait. John pensa que la séquence planétaire était peut-être projetée à l’envers : la Terre aurait alors été montrée en dernier. Les images spatiales, vues inversées pour John par rapport à Anouxia, ne posaient pas problème dans ce contexte, mais lors des vues ultérieures de paysages « normaux », l’orientation fut adaptée à sa perspective.

Commentaire personnel :

C’est une projection holographique 3D, terme qu’enquêteur ou les témoins ne connaissaient pas à l’époque du témoignage.

John vit apparaître une planète dorée, marquée de larges formes brunes floues, comparables à des continents, vue comme une petite sphère de la taille d’une balle de golf. Autour, cinq corps ronds, argentés ou blancs, plus petits (taille visuelle d’une pièce de 6 pence à 1 shilling), formaient un groupe stable qui dériva vers la droite avant de tourner brusquement dans le sens antihoraire, comme si la caméra avait été réorientée.

Le fond bleu profond montrait de nombreuses étoiles argentées fixes, sans scintillement. Puis passa un amas de corps irréguliers et rocheux, bruns avec des reflets dorés sur les arêtes éclairées par une étoile proche. Allongés, parallèles entre eux et à la trajectoire, ils semblaient se déplacer réellement. Probablement des fragments d’une planète détruite, semblables aux astéroïdes de notre système, trop petits pour retenir une atmosphère.

Ensuite, l’image montra Janos et ses deux lunes : Sarnia (extérieure) et Saton (intérieure). Les trois corps formaient un triangle lâche, semblant de taille égale car Sarnia, plus proche de la caméra, paraissait aussi grande que Saton. La caméra se situait au-delà de Sarnia, regardant vers Janos. Uxiaulia avait dit que Saton était « trop proche », cause majeure de la catastrophe.

Janos présentait une teinte brun-verdâtre, avec de larges zones bleues d’eau (mers et lacs), climat toujours chaud selon Uxiaulia, et aucune neige ni glace. Les lunes avaient une couleur brun-doré. Le film montra ensuite une approche en spirale vers la surface : collines modestes, zones fertiles vert sombre évoquant des forêts.

Une coupure révéla un Janos post-catastrophe : toute la surface terrestre, autrefois fertile, était recouverte d’innombrables rochers brun-verdâtre, tombés lors de la désintégration de Saton. Les mers subsistaient, les rochers y ayant simplement sombré. Au bord d’un lac, John distingua des roseaux morts. Aucune trace de civilisation, ni bâtiments, routes ou lumières nocturnes.

À basse altitude, il remarqua une poussière lourde et granuleuse parmi les rochers, issue de leurs chocs ou, plus sinistrement, de retombées radioactives. La teinte verdâtre pouvait venir de dépôts organiques microscopiques apparus des mois ou un an après la catastrophe.

Soudain, un mouvement au centre d’un champ de rochers attira l’attention : au ralenti, les blocs glissèrent et roulèrent, laissant émerger un engin métallique sombre, poli, intact. Sa forme était ovale, légèrement bombée sur le dessus, avec deux cylindres parallèles et courts à l’arrière, ouverts aux extrémités. Il s’éleva au-dessus du sol, laissant tomber les derniers débris, puis se déplaça rapidement en lévitation, accélérant doucement.

Forme des engins volants utilisés sur Janos, vue de dessus et vue arrière.
Forme des engins volants utilisés sur Janos, vue de dessus et vue arrière.

La caméra le suivit en pivotant, offrant une vue arrière sur les cylindres, puis un point de vue intérieur depuis ce qui ressemblait à un pare-brise, avec le « capot » incurvé visible devant. L’engin approcha d’un immense tunnel dont l’entrée, techniquement façonnée, avait une section en losange aplati aux coins arrondis, avec toit arrondi, parois inclinées et sol aplani comme une chaussée. Bien plus vaste que nécessaire pour ce véhicule, le tunnel semblait prévu pour des vaisseaux plus grands, peut-être de type soucoupe. L’engin y entra à vive allure.

Coupe transversale de l’un des grands tunnels menant aux chantiers navals souterrains. Le profil du vaisseau – semblable à celui qui a été visité – est également dessiné, dans le tunnel. En bas à gauche se trouve le profil d’un autobus londonien à impériale, pour comparaison de taille. À droite, le profil arrière du véhicule flottant qu’il a vu dans le même film.
Coupe transversale de l’un des grands tunnels menant aux chantiers navals souterrains. Le profil du vaisseau – semblable à celui qui a été visité – est également dessiné, dans le tunnel. En bas à gauche se trouve le profil d’un autobus londonien à impériale, pour comparaison de taille. À droite, le profil arrière du véhicule flottant qu’il a vu dans le même film.

John, observant sous hypnose, vit un engin ovale descendre rapidement un tunnel raide, éclairé par ses propres phares. Le conduit, d’abord droit, se mit à serpenter en larges courbes, l’engin flottant sans toucher le sol grâce au contrôle gravitationnel des Janosiens. À grande vitesse, il atteignit une profondeur considérable avant de ralentir et s’arrêter, suspendu, à l’entrée d’une immense caverne sombre soutenue par d’énormes colonnes cylindriques à sommet évasé.

Dans la pénombre, il distingua un groupe d’environ six individus avançant difficilement, vêtus de longues robes noires à capuche, rappelant des moines. Ils portaient un cercueil de bois grossier. Leurs visages, éclairés par les phares, révélèrent un état de délabrement effroyable : traits prématurément vieillis, yeux ternes ou absents, joues creuses faute de dents, cheveux clairs rares et sans vie, doigts enflés et recourbés. Ils semblaient proches de la mort, avançant d’un pas traînant.

Les porteurs passèrent sous l’engin, disparurent, puis revinrent sans leur fardeau, se dispersant. Plus tard, il fut compris qu’ils livraient leurs morts à la soute inférieure de l’appareil, dans une routine macabre visant à emporter les corps pour élimination. Ces survivants, réfugiés dans des tunnels après une catastrophe nucléaire planétaire — explosion en chaîne des centrales — étaient condamnés à une lente agonie par irradiation. Le vêtement monastique, créé pour eux ou par eux, visait à limiter l’inhalation de poussière radioactive.

Les habitants des vaisseaux en orbite ignorèrent longtemps l’existence de ces survivants. Quand ils les découvrirent en dégageant des entrées obstruées, le choc psychologique fut profond. Ils ne purent intervenir directement sans risquer de contaminer leurs propres navires, se bornant à soulager autant que possible les mourants. L’euthanasie ne faisait pas partie de leur éthique.

Pris d’une panique irrationnelle à l’idée d’être abandonné, John fut soulagé lorsque l’engin repartit, reprenant le tunnel en sens inverse jusqu’à émerger à la surface rocheuse. Une coupe du « film » montra ensuite la scène depuis un vaisseau spatial en vol, l’engin quittant le champ.

Techniquement, l’appareil pouvait se frayer un passage sous d’énormes blocs grâce à une zone de gravité réduite autour de lui et un champ gravitationnel légèrement négatif, lui permettant de flotter. Cette technologie, déjà employée pour déplacer des personnes ou des véhicules dans le vaisseau, semblait parfois associée à un faisceau lumineux servant de repère. Une répulsion électrique empêchait probablement la poussière d’adhérer, laissant la coque sombre et polie intacte.

Après l’attente de Frances, Gloria et les enfants dans la pièce supérieure du vaisseau, John arrive, escorté par Anouxia depuis la salle de navigation par une rampe mobile menant à une large porte. Cette rampe débouche étrangement : à l’entrée, elle est un mètre plus bas que le sol et monte encore dans la pièce. Lorsqu’ils le voient, son corps émerge d’abord depuis une ouverture noire, phénomène dû à une technologie janosienne empêchant toute lumière de passer à travers une porte ouverte, tout en permettant le passage physique. Ce système crée un « voile de ténèbres » traversé sans sensation particulière.

La pièce, située sur un des ponts les plus élevés, contient un cylindre lumineux vertical du sol au plafond. Frances le voit comme un tube translucide géant, John comme un faisceau de lumière sans parois, associé au rayon qui les avait fait monter à bord. Le cylindre, de 1,6 à 1,9 m de diamètre, éclaire fortement la pièce, parfois en lumière atténuée. John rejoint sa famille alignée face à la porte : Tanya, Gloria, Natasha, Frances, et deux ou trois membres d’équipage en combinaison argentée. Natasha l’accueille d’un « Voilà Papa ».

Un membre d’équipage les conduit derrière le cylindre, où une ouverture mène à l’intérieur. Accompagnés de leur guide, ils entrent ; la lumière baisse et, bien que sans plancher, ils se tiennent debout, suspendus, puis descendent doucement comme dans un ascenseur invisible, sans vertige. Quatre adultes et deux enfants tiennent à l’aise. Ils s’arrêtent sans à-coup sur un autre pont, franchissent une porte et arrivent sur un balcon donnant sur l’immense salle des machines, déjà visitée à leur arrivée.

Descendant une rampe mobile jusqu’à la plate-forme centrale, ils voient des dizaines d’occupants en combinaison argentée venus assister à leur départ. Près de l’écoutille intérieure rectangulaire les attendent six membres impliqués dans leur visite, dont des femmes. L’atmosphère est solennelle. Anouxia annonce qu’il est temps de repartir et, percevant leur réticence, promet : « Nous nous reverrons. » Il explique qu’ils doivent partir pour éviter que des recherches soient lancées.

On leur sert une boisson pétillante incolore. À la question de John, on précise qu’elle n’est pas alcoolisée mais « aide à oublier », pour éviter des ennuis si racontée trop tôt. Ils se souviendront plus tard, par étapes, aidés par l’hypnose. Frances trouve le goût lacté désagréable ; Natasha refuse de boire, Tanya boit peu. Akilias dit que la mémoire d’une enfant ne poserait pas problème car elle ne serait pas crue.

Les adieux sont chaleureux : poignées de main, embrassades. John demande où est la voiture : elle est garée sous eux, à environ 9 à 15 m de profondeur, près d’une haie. Après hésitation, ils avancent dans le vide, debout comme dans le cylindre, et descendent lentement, sentant la brise nocturne. Déposés près de la voiture dans un petit parking de Faringdon, ils voient le faisceau reculer, un Janosien leur dire « Vous ne vous souviendrez de rien : vous avez conduit », puis remonter au vaisseau. Celui-ci s’élève, ralentit pour un dernier regard, puis disparaît.

Le véhicule est intact, contact coupé, clés en place. L’« histoire de couverture » — un trajet fictif de 55 min sur un chemin étroit bordé de haies hautes — résulte d’une suggestion post-hypnotique renforcée par la boisson. Inspirée par la haie réelle du parking, l’illusion échoue car le trajet est familier à la famille et le décor fictif irréaliste. Les enfants, ayant bu peu, gardent un souvenir clair de l’embarquement ; Gloria, très amnésique sur la visite, se souvient pourtant de la partie fictive.

Le but était de masquer la perte de temps ; l’illusion échoue, mais pourrait réussir dans d’autres cas, laissant supposer que d’autres enlèvements similaires ont été effacés de mémoire avec succès.

Liens vers des documents plus complets sur ce contact :

• Livre complet "The Janos people" de Frank Johnson, en anglais - format PDF: Cliquer ici

• Livre complet "The Janos people" de Frank Johnson, autre version en anglais - format PDF, DOCX: Cliquer ici